Recueil d’articles de l’éminent ethnologue que fut Alfred Métreaux, mais aussi matériaux pour un ouvrage plus vaste que l’auteur voulait écrire sur l’ethnologie de l’Amérique du Sud, cet ouvrage se signale par sa diversité. Les observations recueillies sont fort nombreuses, sur les rites, les croyances, les usages religieux de plusieurs tribus indiennes vivant séparées par d’immenses étendues, du Venezuela au Chili. Ces observations sont les unes puisées dans les récits des tout premiers voyageurs européens qui entrèrent en contact avec les Indiens, les autres faites par l’auteur lui-même au cours de ses voyages. Elles passionneront ceux que l’ethnologie attire ; elles intéresseront également les autres lecteurs, car l’auteur a su leur donner une dimension humaine et une portée générale.

Qu’étaient ces phénomènes, qui nous semblent étranges, du chamanisme, c’est-à-dire de l’apparition de nouveaux messies se targuant d’avoir toute puissance sur le bien et le mal, la vie et la mort ? Étaient-ils naturellement produits par l’esprit humain, et pourquoi ? Ou de simples imitations déformées de croyances ancestrales ou récentes lorsque le christianisme s’implanta en Amérique du Sud ? D’où venaient ces rites qui voulaient qu’un captif fût mangé suivant une véritable liturgie traditionnelle, mais parfois seulement des dizaines d’années après sa capture, alors qu’il avait mené au sein de la tribu une vie presque normale, presque libre ? Pourquoi les enfants qu’il avait eus pendant sa captivité devaient-ils à leur tour subir le même sort ?

On pourrait ainsi multiplier les questions. Elles suffisent à montrer qu’il ne s’agit pas seulement dans cet ouvrage de descriptions de mœurs étranges et abominables, mais bien plutôt de la connaissance de l’homme de tous les temps, dans les plus grandes profondeurs de son comportement.

Il faut remercier les disciples et les éditeurs d’Alfred Métreaux d’avoir ainsi réuni en un seul ouvrage des textes que leur dispersion rendait difficilement accessibles au lecteur.