L’accord FLN-OAS
Comme l’écrit l’auteur, ancien rédacteur en chef du Journal d’Alger : « Que reste-t-il de ces accords laborieusement élaborés entre les représentants du FLN et les chefs de l’OAS ? Rien. L’édifice s’est écroulé ; il avait été bâti sur le sable (…) Trois mois de négociations difficiles avaient débouché sur un résultat négatif ; ces textes que l’on voulait considérer comme un codicille aux accords d’Évian ont été biffés d’un trait de plume. Ce n’était qu’un chiffon de papier, une dernière espérance mutilée ».
L’histoire des négociations entre le FLN et l’OAS, menées sous l’égide de l’ancien maire d’Alger, Jacques Chevallier, et d’Abderrahmane Farès, puis de Karim Belkacem, est celle d’une tentative avortée de faire vivre ensemble, dans une Algérie indépendante, les deux communautés qui, depuis tant d’années, travaillaient côte à côte. Lorsque l’OAS se rendit compte que l’indépendance était inéluctable, ses chefs reconnurent l’état de fait et voulurent sauvegarder les intérêts des Français d’Algérie en même temps que ceux de la nouvelle patrie que les circonstances allaient leur donner. Les dirigeants du FLN comprenaient, de leur côté, que le départ des Algériens de souche européenne créerait un vide difficile à combler. Les conversations se poursuivirent avec l’accord et l’aide du représentant du Gouvernement français. Une entente eût été un beau rêve réalisé. Elle était cependant utopique, dans les conditions créées par la longue guerre d’Algérie. Les « pieds-noirs » quittaient en masse leur pays pour gagner la métropole, n’ayant nulle confiance dans le régime qui allait s’instaurer. Les négociateurs étaient les ouvriers, non de la onzième, mais de la treizième heure ; ils intervenaient trop tard, beaucoup trop tard, alors que les jeux étaient faits.
On lira avec intérêt ce récit d’une des péripéties les plus curieuses et les moins connues du drame algérien. Comme des faits eux-mêmes, il n’en subsistera sans doute, et nous citons à nouveau l’auteur, « que la nostalgie, le regret, la tardive révélation des occasions perdues ».