Les mécanismes du sous-développement
Les mécanismes complexes du sous-développement sont expliqués dans cet ouvrage avec la précision d’usage dans un cours destiné à des étudiants novices en la matière ; il s’agit bien, comme l’indique le titre de la collection à laquelle appartient le livre, d’une initiation. Initiation complète, cependant, détaillée, appuyée sur une importante documentation statistique. D’ailleurs, l’auteur expose clairement l’objet de son travail qui « s’adresse plus spécialement à tous ceux qui sans être économistes, doivent travailler dans un pays en voie de développement ».
Pour l’auteur, l’étude des chiffres aboutit à la conclusion que « l’économie des pays du tiers-monde est à la fois désarticulée et dominée » ; désarticulée, parce qu’elle ne peut pas se concevoir « comme un tout » et se trouve fractionnée « en divers secteurs plus ou moins indépendants » ; dominée, à la fois sur le plan interne et sur le plan externe, par les propriétaires locaux et par les grands groupes financiers internationaux.
Le plan de l’ouvrage découle tout naturellement de cette constatation des faits. La désarticulation conduit à l’impuissance des gouvernements d’établir des rapports harmonieux et fructueux entre les différents secteurs de l’économie, la domination à la perte de la liberté d’action et de l’indépendance politique. Les solutions libérales traditionnelles de la société capitaliste se trouvent donc impuissantes à créer les conditions d’un décollage, d’un démarrage du développement. Le pouvoir politique national est par suite amené à prendre des mesures autoritaires que concrétise un plan, donc un ensemble de choix et de priorités, mais qui prépare aussi la constitution d’un financement interne. Celui-ci est insuffisant et le demeurera longtemps ; il doit être appuyé par une coopération internationale adaptée à chaque pays, selon ses besoins propres.
L’Occident a conçu des théories et reconnu des valeurs qui ne doivent pas être trahies ; mais il a en même temps « charrié » des apports moins nobles : « règne de l’argent, mythe du confort, passion de l’avoir et de la jouissance matérielle ». Il a davantage apporté ses « anti-valeurs » que ses valeurs spirituelles et morales et porte donc une lourde responsabilité dont il lui faut maintenant accepter les conséquences.
Ouvrage fort clair, à la fois dans ses buts et dans son exposé, capables en effet de fournir une large initiation aux problèmes économiques du monde, dont la lecture ne peut être que profitable.