Le nez de Cléopâtre ou le sens de l’histoire
L’Histoire est-elle déterminée, évolue-t-elle suivant un sens défini dont des recherches appropriées pourraient un jour nous faire connaître à coup sûr les lois ? Est-elle le fait des hommes, et s’il en est ainsi, de certains hommes qui la marquent et l’orientent, ou de l’ensemble de la collectivité humaine ? Ce sont des questions souvent abordées par les historiens et les philosophes. L’auteur leur donne une réponse catégorique : il n’existe pas de « sens de l’histoire », et l’évolution historique est commandée par les hommes, dans leur ensemble, mais reçoit de certains d’entre eux une impulsion particulière.
La thèse se développe au cours de nombreux chapitres, dont l’humour n’est pas absent, et suivant un ordre qui pourrait paraître dispersé à un lecteur parcourant rapidement cet ouvrage. En fait, l’argumentation est menée de façon sûre, agrémentée d’exemples frappants et démonstratifs, au cours des quatre parties qui forment l’ouvrage, puis condensée dans une cinquième partie où l’auteur rassemble ses conclusions.
Cette longue méditation, qui ne s’interdit pas les réflexions incidentes, porte aussi bien sur les données philosophiques profondes que sur les mythes dont notre époque est encombrée. On s’attachera peut-être davantage aux considérations développées par l’auteur sur le rôle de la volonté individuelle et collective qui forment la troisième partie du livre et semblent les mieux étayées ; mais on aimera sans doute aussi les variations sur le rôle du hasard en histoire.
Il se dégage de l’ensemble une sorte de pessimisme souriant, qui contraste avec les affirmations tranchées des premières pages.