Israël et les Arabes. Le troisième combat
L’actualité est présentée sous la forme d’une conversation entre Jean Lacouture et les deux journalistes envoyés spéciaux, pendant la « guerre de juin » entre Israël et les pays arabes : Éric Rouleau, qui se trouvait au Caire, et Jean-Francis Held à Tel Aviv. Cette manière de traiter une question à la fois complexe et brûlante est séduisante ; elle restitue en effet la chaleur d’un entretien animé, permet de faire apparaître mille nuances, de laisser percer des opinions personnelles. À un moment où il est évidemment impossible de faire œuvre d’historien, elle a le grand avantage d’apporter au lecteur des témoignages indiscutables, encore tout frais, auxquels ne manquent ni le pittoresque ni l’émotion, bien que les interlocuteurs se soient efforcés de faire œuvre impartiale et d’élever le débat.
Il est difficile de résumer un tel livre, où apparaît, du côté égyptien, avec la ruse diplomatique de Nasser et les réactions passionnelles de la foule, le désir de réussir une vaste opération sans faire la guerre, et du côté israélien, une détermination froide, un calcul précis, dans une ambiance nettement ressentie de danger majeur à l’échelon national.
Ce qui peut retenir davantage encore que l’exposé des faits et de leurs motifs, c’est la description fort bien faite de la façon dont, des deux côtés, on a été conduit à la guerre, de cette escalade psychologique plus ou moins consciente qui conduit à la violence. En ce domaine, rien ne peut remplacer le témoignage direct, qui vaut pour le cas particulier, mais aussi pour tout déclenchement d’hostilités. Par là, ce petit livre, dont la lecture est aisée et rapide, prend une dimension inattendue, car il remplace aisément les plus doctes traités sur ce mystère qu’est, depuis l’origine de l’humanité, la raison profonde du comportement des hommes lorsqu’ils en arrivent à se battre.
C’est pourquoi on ne saurait trop recommander de lire cet ouvrage, riche d’un enseignement général, à partir d’un cas concret intensément vécu.