Histoire secrète d’Hiroshima
Pourquoi avoir modifié, en le traduisant, le titre de ce livre paru en 1965 en langue anglaise ? Est-ce pour attirer le lecteur par un parfum de mystère ? L’ouvrage répond exactement à son titre anglais : « La décision de lancer la bombe ». Il explique en effet avec une grande minutie les conditions dans lesquelles furent prises les décisions successives qui aboutirent au bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki.
Nous n’insisterons pas sur celles-ci, que le lecteur suivra avec un intérêt certain mêlé souvent à l’impatience de savoir qui a donné l’ordre et pourquoi cet ordre a été donné. Qui ? Le président des États-Unis, M. Truman, comme chacun le sait, mais après s’être entouré d’avis de savants, de militaires et d’hommes politiques, après avoir aussi reçu l’accord de Churchill ; ce n’est donc pas « un homme seul » qui a pris une décision d’une telle portée. Pourquoi ? Ici, on se trouve en présence de diverses interprétations auxquelles chacun peut, suivant ses propres lumières et son propre tempérament, donner la priorité.
Fallait-il lancer la bombe pour vaincre le Japon ? Non, le Japon était virtuellement battu. Pour éviter de plus grandes pertes de vies humaines en prolongeant la guerre de quelques semaines ou de quelques mois ? Peut-être, mais cet argument ne semble pas avoir été le plus déterminant. Pour éviter que les Soviets déclarent la guerre au Japon et soient ainsi partie à la capitulation nippone ? Sans doute, bien que Moscou ait déclaré la guerre à Tokyo et que la manœuvre américaine ait été finalement déjouée par un concours de circonstances imprévisibles. Dans ces conditions, la première bombe atomique aurait davantage marqué le début de la guerre froide que la fin du second conflit mondial.
Mais ce lancement était-il justifié, quelles qu’en aient été les raisons multiples et parmi elles, la raison déterminante ? Les auteurs, après en avoir discuté, arrivent à une conclusion dont les lecteurs seront juges : « Tant que de nouvelles preuves sérieuses ne seront pas exposées, c’est notre conviction intime que la décision d’utiliser la bombe a été prise de bonne foi, non pour déchaîner une arme sans merci dans la lutte contre un ennemi, mais pour apporter une fin rapide à une guerre barbare et pour pouvoir jouir en paix des bienfaits d’une victoire qui venait à point nommé ».