L’agriculture indienne et l’art du possible
Gilbert Étienne, professeur d’économie du développement à l’Institut universitaire des hautes études internationales à Genève, a étudié plusieurs « cas concrets » de l’agriculture indienne, dans les villages où il a passé le temps nécessaire pour les bien connaître et en bien juger. De la base, il est remonté progressivement au sommet. Enfin, au terme d’une longue étude fort détaillée, il livre ses conclusions sur une question dont on sait l’acuité.
Elles sont assez différentes de celles qui ont souvent été déduites d’autres études, également écartées d’un pessimisme systématique et d’un recours à des idéologies dont l’abstraction ne résiste pas à l’expérience des faits. Ces faits, Gilbert Étienne les voit essentiellement dans l’aptitude normale de la masse paysanne indienne, même analphabète, à comprendre et suivre le progrès ; dans le danger que fait courir au développement le manque d’hommes de valeur, capables de servir de guides, et corrélativement, dans la nécessité de placer les hommes compétents à des postes d’où ils pourront faire sentir leur influence ; dans l’absence de capitaux pour entreprendre les travaux gigantesques qu’il faudrait faire pour irriguer les terres, pour les fertiliser et pour donner les crédits dont les paysans ont besoin.
Aussi, sans nier les perspectives à long terme, l’auteur estime-t-il qu’il faut mesurer sagement les limites du possible dans les réalisations immédiates qui permettraient des progrès modérés peut-être mais importants cependant, sur le plan économique comme sur le plan social. Il indique les mesures qui pourraient, à son avis, avoir des conséquences favorables.
Au total un livre objectif, direct, basé sur du concret, dont le lecteur pourra déduire, à partir de données techniques dégagées par l’auteur, les conclusions générales qui lui sembleront logiques.