Les dessous d’une dictature. Trujillo
Général de l’armée dominicaine, ancien collaborateur direct du dictateur Trujillo, le « Benefactor » de la République dominicaine pendant plus de trente ans, de 1930 à 1961, Arturo Espaillat vit en exil. Il a écrit ce livre au Canada, en 1963, pour montrer comment les services secrets des États-Unis participèrent à l’assassinat de Trujillo, mais aussi pour peindre ce qu’est la vie politique agitée des républiques latino-américaines de la région des Caraïbes.
L’amateur d’intrigues policières compliquées trouvera son compte dans cet ouvrage qui ne manque pas de récits pittoresques dignes du cinéma. Mais le lecteur plus enclin à rechercher les raisons des événements cherchera une explication des mœurs de ces régions, explicitement ou implicitement décrites sur le « cas concret » de la République dominicaine.
La figure extraordinaire de Trujillo, avec son énergie, son intelligence, mais aussi ses tares, sa rapacité, sa soif de l’argent, son appétit du pouvoir, sa férocité, domine le tableau. Ce portrait-type du dictateur latino-américain – « le dernier César », dit l’auteur, dans le titre anglais du livre-portrait fortement tracé par un de ses fidèles –, ne cache pas cependant les agissements qui seraient aberrants dans une démocratie de type occidental. Ce despote absolu, aimé longtemps du peuple qu’il gouvernait, auquel il imposait une discipline toute militaire, inspirée des années passées par lui dans les « marines » américains, se fit le champion de l’anticommunisme et le soutien de ceux qui, comme lui, dans les pays voisins, imprimaient leur volonté à une politique qui était celle d’un clan, et non celle d’un pays, encore moins d’une nation. Aidé par Washington, avant d’être abandonné par les autorités américaines, il tenta de gérer les affaires de son pays pour le bien de celui-ci, en même temps que pour le plus grand avantage de ses finances personnelles et de celles de ses proches, gouvernant au milieu des intrigues les plus tortueuses et les plus sanglantes.
Les événements dont ce livre fait mention ne s’étendent pas au-delà de 1961. Ils permettent cependant de mieux comprendre dans quelle ambiance s’est produit le débarquement américain de 1965 à Saint-Domingue et continuent de se dérouler les actions diplomatiques qui tentent de mettre fin à la situation troublée de ces derniers mois.
On lira cet ouvrage avec intérêt, bien qu’il ne donne encore qu’une vue partielle des faits. ♦