L’épreuve de force. Février 1938-Août 1945
Après avoir démissionné du Cabinet Chamberlain, en février 1938, parce qu’il n’était pas d’accord avec le Premier ministre, partisan d’une entente avec Hitler et Mussolini, Anthony Eden se retira, convaincu que la guerre éclaterait avant un an. Au début des hostilités, Chamberlain lui demanda de reprendre place dans le Gouvernement, non plus aux Affaires étrangères où il se trouvait précédemment, mais aux Dominions. Ayant accepté cette offre, l’auteur exerça ses nouvelles fonctions jusqu’au mois de mai 1940 ; il prit alors, pour quelques mois, dans le Gouvernement Churchill, le poste de Secrétaire d’État à la Guerre, puis revint aux Affaires étrangères. C’est là que le trouva encore la chute du Cabinet Churchill, en juillet 1945, peu de temps avant la capitulation du Japon. Le témoignage d’Anthony Eden est donc de première main sur toutes les grandes affaires de la Seconde Guerre mondiale.
Cet épais volume est sans doute trop long pour être lu d’une seule traite. Il embrasse des événements très divers, et semble plutôt devoir être une suite de références pour les historiens futurs, qui pourront comparer ce que dit l’auteur et ce que disent les autres acteurs du grand drame. Les faits racontés sont appuyés par de nombreuses citations de lettres, de télégrammes, d’extraits de documents. Le récit est clair, malgré l’abondance des sujets. Les opinions exprimées sont nettes. Le lecteur français retiendra sans doute d’abord celles qui se rapportent aux relations avec les Français libres, dont Anthony Eden ne cache pas les difficultés, et avec les autorités françaises en Afrique du Nord et en Afrique noire, dont il expose crûment qu’elles menaient double jeu vis-à-vis des Anglais et des Américains, après le débarquement allié de novembre 1942, et ne pouvaient inspirer nulle confiance. Ainsi en est-il des autres événements d’Europe et d’Extrême-Orient, dans le panorama complet de la guerre que constitue cet ouvrage de mémoires qui, comme tous ceux de ce genre, ne laisse pas d’être en même temps un plaidoyer pro domo.
C’est cependant une œuvre à laquelle il est difficile de dénier une grande valeur pour l’histoire de cette période. Elle complète les deux autres volumes précédemment parus, qui portaient respectivement sur les périodes antérieure et postérieure à celle qui est traitée dans ce livre. ♦