Y a-t-il un marché commun ?
La crise du Marché commun est suffisamment d’actualité pour que la lecture de ce livre intéresse tous ceux qui ont besoin de se rappeler ou de comprendre ce qu’est exactement le Marché commun. Ils trouveront dans ce livre court, clairement présenté, une analyse précise de cette union douanière, du rôle de ses différents organismes, mais aussi l’exposé des buts lointains que poursuivaient les « Six » lorsqu’ils ont décidé, par le Traité de Rome (1957), de créer la Communauté européenne économique (CEE).
Toute la question réside en fait dans ce que deviendra le Marché commun. Doit-il devenir une union politique et s’étendre progressivement à d’autres pays que ceux qui en font actuellement partie ; est-il le germe d’où sortira l’Europe ? Et suivant quelles étapes, si la réponse est affirmative, cette Europe se réalisera-t-elle ? Certes, l’ambition de l’auteur n’est pas de répondre à ces questions si vastes ; elle est de faire le point de leurs données actuelles. La crise ouverte en juillet 1965 à propos de l’agriculture montre à la fois la fragilité et la solidité de la CEE, en même temps qu’elle donne un exemple de ce que pourraient être les difficultés qui s’opposeraient à son maintien. Mais ces difficultés sont-elles vraiment insurmontables ? Elles le sont peut-être dans l’immédiat, mais ne le sont probablement plus si on les considère dans la durée. Les réalisations sur le plan économique, à plus forte raison sur le plan politique, sont affaire de temps et de volonté, peut-être simplement de bonne volonté. Or le fonctionnement du Marché commun, depuis qu’il existe, a été assuré dans des conditions remarquables. L’échéance du 1er janvier 1966 marquait le moment où les décisions devaient être prises, non plus à l’unanimité des pays membres, mais à une majorité pondérée. L’expérience prouve, pense l’auteur, que cette mesure est trop hâtive : les gouvernements ne peuvent pas encore l’accepter. Il suffit alors de la remettre à plus tard et de continuer ce que les « Six » ont si bien commencé, en tenant compte des fluctuations ou des modifications subies par la politique d’un (ou plusieurs) des États-membres et de sa position réelle sur les grands problèmes du moment. ♦