Quand les Alliés ouvrirent les portes. Le dernier acte de la tragédie de la déportation
C’est par l’accumulation de détails sur les camps de déportation que l’auteur donne l’impression de ce qu’ils étaient, et produit à la longue chez le lecteur la hantise de toutes ces descriptions horribles. Cette méthode d’imprégnation par le détail vaut-elle celle d’un exposé plus construit, plus synthétique ? Visiblement, l’auteur n’a pas cherché à écrire une histoire de la déportation. Il a voulu montrer comment, en France, dans un des services qui s’occupaient de la recherche et de l’identification des déportés, peu à peu la vérité a percé et s’est manifestée dans toute son amplitude. C’est, vingt ans après le récit de l’actualité d’autrefois, au jour le jour. On y découvrira des drames humains dont l’histoire n’a pas tenu le compte, lorsqu’elle a tenté d’établir le bilan sinistre de cette sombre période, drames parfois contés jusqu’au bout, parfois esquissés seulement, dans lesquels le dénominateur commun est toujours la mort sous ses plus tragiques aspects.
Souffrances de ceux et de celles qui se trouvaient dans les camps, espoirs de ceux qui les attendaient dans des familles où une place et souvent plusieurs étaient vides, silhouettes des geôliers, cadavres de femmes et d’enfants, ce livre est une suite d’évocations dont le lecteur se demande parfois si elles correspondent bien à une réalité, lorsqu’il sait depuis longtemps qu’elles n’en sont qu’un reflet encore incomplet et atténué. Ce serait un voyage au bout de la nuit si cette nuit avait eu une limite ; mais cette limite recule devant le voyageur qui avance. ♦