L’Économie internationale depuis 1950
À une époque où l’actualité met constamment sur la scène les problèmes internationaux (avenir de la Communauté européenne, négociations du Kennedy Round, système monétaire mondial), le récent ouvrage du Professeur Jean Weiller sur L’Économie internationale depuis 1950 présente un intérêt tout particulier.
Rédigée par l’un des meilleurs spécialistes des échanges internationaux, cette excellente étude cherche non seulement à décrire les profondes transformations dans les relations économiques mondiales pendant les quinze dernières années mais aussi à dégager de cette analyse les matériaux pour une théorie généralisée des politiques de coopération économique.
La période 1950-1965 nous permet de voir fonctionner en Europe deux types de système économique international.
De 1950 à 1959 la renaissance du commerce intra-européen s’effectue dans le cadre classique des relations commerciales et monétaires entre États souverains qui ont seulement créé entre eux les institutions aptes à faciliter leur coopération mais non l’intégration de leurs économies : Organisation européenne de coopération économique (OECE), Union européenne des Paiements (UEP).
Au contraire, à partir de 1959, l’application du traité de la Communauté économique européenne (CEE) étend à l’ensemble de l’économie européenne la formule originale de « Marché commun » inaugurée en 1953 avec le « pool charbon-acier ».
L’auteur analyse avec beaucoup de finesse la multiplicité des transformations économiques qu’entraîne la création de ces nouvelles « structures d’encadrement » des échanges : rapprochement des politiques économiques européennes, influence des institutions européennes sur les relations commerciales des « Six », incidences de l’intégration sur le développement régional, problème de la coordination des « centres de décision » internationaux et nationaux, publics et privés.
Dépassant l’étude traditionnelle des mécanismes monétaires de l’échange – disparité des prix et moyens de règlement financier – le livre de Jean Weiller a le grand mérite de souligner l’importance des structures dans le développement du commerce international, c’est-à-dire des « réseaux d’échange » par lesquels le producteur peut atteindre le consommateur étranger et préfinancer son exportation.
Mais la forme de ces « structures d’encadrement » économique dépend, en définitive pour une très large part, du choix des gouvernants, c’est-à-dire d’une option politique et même d’une philosophie de la vocation des nations et des buts du progrès, comme le montre le débat sur l’avenir de la Communauté européenne.
On saura gré au Professeur Weiller de nous rappeler ainsi que l’économie internationale n’est pas rigoureusement régie par des « lois » immuables mais qu’elle est aussi dans une large mesure, l’œuvre de la politique, c’est-à-dire de notre volonté. ♦