Histoire des institutions politiques de la France moderne (1789-1945)
Dans la collection des « études politiques, économiques et sociales », cette nouvelle édition d’un ouvrage paru il y a quelques années donne, de l’ensemble de nos institutions depuis plus d’un siècle et demi, un tableau particulièrement clair et vivant.
La thèse de l’auteur est que la Révolution a eu sur notre histoire une influence telle qu’il pourrait pour son livre « adopter comme sous-titre : Présence de la Révolution française ». Parce que la coupure entre l’Ancien et le Nouveau Régime a été nette et que 1789 marque une date vraiment fondamentale. Or, la naissance d’un régime nouveau ne va pas sans convulsions : ce sont celles qui ont marqué notre histoire, ses bouleversements politiques, ses guerres, ses constitutions, jusqu’à celle de 1875 qui, « trop démocratique » lorsqu’elle fut votée, ne « l’était plus assez » en 1945, au sortir de la période de guerre et d’occupation.
L’opposition entre « la droite » et « la gauche » a marqué ces longues années. Elle est familière aux Français, même à ceux qui ne savent pas assez d’histoire pour en suivre les développements. La recherche du compromis entre deux tendances, plus divergentes qu’opposées, a abouti, lorsqu’elle a été tentée, à des solutions provisoires et précaires, sans jamais réussir à imposer un régime qui pût satisfaire les différentes tendances : l’Union sacrée de 1914 fut de courte durée, et la Résistance de 1944 marquée par une tendance « socialisante ».
Il serait impossible de suivre l’auteur dans les exposés qu’il présente de toutes les phases de notre histoire contemporaine. Peut-être lui reprochera-t-on de n’avoir pas donné aux affaires extérieures la part qui aurait dû leur revenir. À moins qu’on admette que la France, dans le domaine de ses institutions, vivait repliée sur elle-même, sans prêter grande attention aux changements considérables qui se produisaient dans le monde ; ce qui, d’ailleurs, expliquerait pourquoi ils nous ont tant surpris, lorsque nous avons dû les constater, sans nous y être assez tôt adaptés.
Le livre se termine sur une interrogation. En 1945, l’esprit des Français avait-il changé au point que l’on puisse considérer qu’une nouvelle phase de notre histoire allait commencer ? Question sans réponse, et il est bien trop tôt pour qu’elle puisse en recevoir une. On ne mesurera que plus tard à quel degré la secousse de la dernière guerre a pu modifier des idées, des structures, des institutions qui semblaient si fortement enracinées. Mais pour que les hommes n’entrent plus « à reculons dans l’histoire », il faut qu’ils soient conscients du passé. Ce livre, sous sa forme de manuel, peut les y aider. ♦