Par sa Constitution de 1946, le Japon s'est interdit tout recours à la guerre. Par la suite cependant, les puissances alliées, signataires du Traité de paix de San Francisco en 1951, lui ont reconnu le droit de légitime défense. Plus même, les États-Unis ont signé avec lui en 1960 un traité de sécurité faisant obligation au Japon de participer au maintien de la paix et de la sécurité en Extrême-Orient. Par ailleurs, une véritable armée japonaise – du moins pour ce qui est de l'aviation et de la marine, même si elles sont encore de taille modeste – s'est reconstituée sous l'autorité d'une Agence japonaise d'auto-défense. Le Japon est d'autre part généralement crédité de la capacité de se doter d'un armement nucléaire le jour où il en déciderait ainsi. Mais il est une autre possibilité qu'on évoque moins souvent, c'est celle de voir le Japon devenir non seulement un fabricant mais encore un exportateur d'armements, d'autant plus qu'il pourrait produire à bas prix la partie la plus précieuse des armements modernes : l'électronique. Il y a là une tentation très forte que la montée des tensions en Asie pourrait rendre irrésistible.
Le Japon, nouvelle puissance militaire ?
« Plusieurs jours s’écoulent, sans réponse à l’ultimatum. Alors l’homme blanc allume le soleil de la mort… » (Georges Blond : Le Survivant du Pacifique). Le 5 août 1945, l’empereur annonce lui-même la capitulation sur toutes les chaînes de radiodiffusion.
Depuis plusieurs mois la population vivait un cauchemar permanent. Les villes – à l’exception de celles qui avaient été réservées pour l’apocalypse nucléaire – étaient écrasées, brûlées, dévastées. La production, désormais réservée aux seuls besoins militaires, était tombée à moins du quart de la normale. Matières premières, énergie, médicaments et nourriture faisaient défaut. Le Japon semblait à l’agonie, et pourtant il s’apprêtait à soutenir une lutte désespérée, avec le vague espoir que les alliés finiraient par transiger devant les pertes que la guerre, menée par tout un peuple, ne pouvait manquer de leur infliger. Les expériences d’Iwojima et d’Okinawa. en effet, extrapolées à l’ensemble du Japon, montraient que si l’invasion devait coûter à l’empire plusieurs dizaines de millions de morts, les alliés pouvaient s’attendre à des pertes supérieures à un demi-million de tués, blessés et « disparus ».
Mais avec Hiroshima et Nagasaki c’est le K.O., foudroyant et imprévu pour le boxeur qui pouvait encore rêver de n’être battu qu’aux points.
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