Nous étions à Dien Bien Phu
Depuis quelques mois – à l’occasion peut-être du dixième anniversaire de la chute du camp retranché – bien des livres ont été écrits sur le drame de Dien Bien Phu. Mais un intérêt particulier s’attache toujours à ceux dont les auteurs furent, non seulement des témoins plus ou moins proches, plus ou moins directement intéressés, mais également des acteurs du drame indochinois.
Or tel est bien le cas de Jean Pouget. Aide de camp du général Navarre, commandant en chef, il fut dès l’origine dans le secret de la conception et de la préparation des opérations que l’on a appelées le Plan Navarre. Dien Bien Phu n’en fut et n’en a jamais été que l’un des éléments, et ce n’est pas un des moindres mérites de l’auteur que de l’expliquer aussi clairement tout au long de son récit. Ainsi le lecteur est-il amené à comprendre les raisons qui ont conduit le commandant en chef à accepter la bataille sur le camp retranché dès la fin de 1953. Jean Pouget fut, plus tard, de ceux qui furent parachutés en renfort sur les ruines du camp retranché, participèrent aux ultimes combats et tirèrent les dernières cartouches. Il partagea enfin avec les survivants le dur sort physique et surtout moral des prisonniers du Vietminh.
Nous étions à Dien Bien Phu est donc avant tout un témoignage ; témoignage sur la conduite des opérations dans l’Indochine de cette période ; témoignage sur la bataille elle-même de Dien Bien Phu. Et cet ouvrage est l’un des plus complets et des plus honnêtes qui aient été portés à ma connaissance jusqu’à présent. Il a pour beaucoup de choses valeur de document. Je ne saurais trop conseiller sa lecture à ceux qui désirent se faire une opinion sur cette page noire de notre histoire militaire outre-mer.
À sa sincérité, il faut ajouter l’agrément que le lecteur trouve à la révélation du talent du jeune écrivain qu’est Jean Pouget et qui nous fait bien augurer de cette nouvelle activité de l’un des « Centurions ». ♦