La destruction de Dresde
La destruction de Dresde par les aviations britannique et américaine, les 13 et 14 février 1945, est une des actions de guerre les plus contestables du dernier conflit. La ville ne présentait qu’un intérêt militaire médiocre. Elle était surpeuplée du fait de l’arrivée de nombreux réfugiés fuyant l’avance des forces soviétiques. Le succès des Alliés était déjà pratiquement assuré. Aucune raison sérieuse ne justifiait un bombardement qui devait faire plus de 100 000 morts (l’auteur donne le chiffre de 130 000 comme le plus probable) et détruire les deux tiers des maisons et des bâtiments publics, sans distinction d’objectifs militaires.
Qui a donné cet ordre de massacre ? Les exécutants au plus haut échelon se récusent. Dans son avant-propos, le général Sundby, qui était l’adjoint du commandant du Bomber Command britannique, écrit : « Notre rôle était d’exécuter au mieux les ordres que nous avions reçus du ministère de l’Air. Et dans ce cas, le ministère de l’Air ne fit que transmettre les instructions reçues des plus hauts responsables de la conduite de la guerre ». Dans une « Note de l’Auteur », celui-ci écrit : « nous pouvons tempérer notre compassion pour les civils allemands de 1945 en nous souvenant que les Allemands éprouvèrent peu de compassion pour les souffrances des pays neutres et alliés, au cours de la Seconde Guerre mondiale ». Mais son texte dément la brutalité de cette affirmation.
Ainsi posée, la question se résume à une application, dans les temps actuels, de l’ancienne loi du talion. Mais ce tragique exemple peut démontrer que les hommes en guerre se laissent aller à « l’escalade » des moyens mis en jeu, et faire naître d’utiles réflexions sur ce que serait une guerre nucléaire.
Après un rappel de ce que fut la guerre des bombardements en Europe occidentale, l’auteur raconte par le menu la préparation et l’exécution de l’action sur Dresde, en se basant sur les témoignages anglais, américains et allemands. Il fait ainsi un tableau complet de cette opération, dont il faut que tous les hommes aient connaissance. L’auteur était trop jeune pour avoir participé à l’action. C’est donc une étude historique qu’il présente. Elle est peut-être moins vivante que des écrits du même genre qui reproduisent les récits des acteurs ; mais elle est mieux ordonnée et plus objective.
Il est regrettable que la traduction française soit si négligée. Les termes techniques sont parfois mal traduits, et certaines phrases, reproduisant le « mot à mot » du texte anglais, deviennent incompréhensibles en français. Un ouvrage de cette importance et de cette valeur aurait mérité une meilleure traduction. ♦