L’Amérique en péril
Écrit par un Allemand, réfugié aux États-Unis à la suite des persécutions nazies en 1933, naturalisé américain et ayant fait la guerre comme officier dans l’armée américaine, « best-seller » dès sa publication en langue anglaise en avril 1964, ce livre retient indiscutablement le lecteur.
Il développe une théorie suivant laquelle l’assassinat du Président Kennedy a été le résultat d’une ambiance provoquée aux États-Unis par les affairistes, par des conservateurs de droite dont le grand homme était Goldwater. Dans ces milieux pour lesquels la seule chose importante est de gagner de l’argent de toutes les façons, y compris les plus répréhensibles, le renouveau moral, la véritable révolution que voulait imposer le jeune Président étaient un danger immédiat ; son succès aurait aboli tant de privilèges occultes ou reconnus que l’opposition s’était mise, non seulement à le redouter mais à le haïr. Il importe peu, au demeurant, dit l’auteur, de savoir qui a tué Kennedy, et pourquoi.
On admettra cette théorie, entièrement ou partiellement ; on la rejettera peut-être ; elle est une opinion qu’il est bon de connaître. Mais le livre décrit un voyage à travers les États-Unis, de New York à San Francisco, par Washington, Atlanta, La Nouvelle-Orléans, Birmingham, Los Angeles. C’est donc surtout le Sud qui a été visité. Hans Habe, qui après avoir été journaliste, a écrit des romans, sait indiscutablement raconter, créer une ambiance, ménager des effets. Ses descriptions sont très vivantes, très colorées. Elles portent sur la vie quotidienne, sur le problème racial, qui fait l’objet des plus longs développements, et forment un témoignage sur l’Amérique porté par un citoyen américain d’origine étrangère et vivant normalement en Europe. Ne serait-ce qu’à ce titre, le livre vaut d’être lu. ♦