D’une morale de l’amour à une sociologie de la raison. Vol. I : Morale et Vol. II : Sociologie
Nous avons déjà signalé plusieurs tomes de La théorie harmonique qu’André Lamouche développe dans des ouvrages d’une haute philosophie. Voici les derniers parus dans lesquels il insiste sur cette idée qu’il avait déjà fait apparaître que « l’humanité est victime des faux prophètes qui lui ont laissé croire que la science peut se passer de la Sagesse et la justice de l’Amour ». Citant André Siegfried, il souligne que dans notre siècle « le recul moral est impressionnant » et que « l’humanisme n’apparaît plus que comme un combat d’arrière-garde ».
Pour apporter un remède à cette situation, André Lamouche pense qu’il convient de faire converger morale et sociologie. La morale, qui est l’objet du présent ouvrage que suit le second sur la sociologie, est la morale de l’Amour « qui rejoint la morale chrétienne » ; mais la démarche est différente, car « la religion part de Dieu pour aboutir à l’Homme. On part ici du Cosmos et de l’Homme pour aboutir à Dieu ». Or, le monde est « une organisation par composition croissante », qui s’accomplit par une évolution, qui va de l’homogène à l’hétérogène, en obéissant à une loi de périodicité (harmonie). Le monde est rationnel. Mais les rapports entre individus ne le sont pas. Rationaliser ces relations, c’est « placer l’humanisme à l’avant-garde du progrès ». Le niveau de puissance d’un groupe humain ne dépend pas de sa force matérielle, mais de son niveau de conscience, « du potentiel d’amour, et du niveau de spiritualité de ses élites dirigeantes ». En conséquence, « il n’est pas aujourd’hui d’impératif plus vital que d’élaborer des solutions communes au problème sociologique de l’organisation rationnelle des activités collectives, et au problème moral du respect des libertés et des aspirations fondamentales de la personne humaine ».
Telles sont les prémices de ces livres dont l’un a deux chapitres, le premier portant sur « la morale et la civilisation », le second ayant pour titre : « Morale de l’Amour », l’autre deux chapitres également : « civilisation et progrès » et « sociologie de la raison ».
Il serait trop long d’analyser en détail la pensée d’André Lamouche. Il faut lire ces livres pour en percevoir toute la richesse et toute la profondeur, lecture attrayante d’ailleurs, malgré l’austérité du sujet. Reproduisons seulement les lignes sur lesquelles s’achève le premier ouvrage : « En bref, la discipline morale par excellence est celle de l’amour (…). Grâce à cet amour universel de l’homme pour l’homme, la servitude et la grandeur de la vie communautaire peuvent se résumer en un seul mot aux multiples résonances. Et ce mot est “Servir” ». ♦