Monsieur H : Huit années de crise à l’ONU
Écrire une biographie de Dag Hammarskjoeld alors que son action comme Secrétaire général de l’ONU est encore dans toutes les mémoires et continue de prêter à maintes discussions, aurait été une entreprise hardie. Ce livre a été écrit en anglais à une date qui n’est pas précisée par l’éditeur français, mais qui est antérieure à la mort tragique de M. H. Le dernier chapitre, qui traite de l’accident aérien de N’Dola, a été ajouté ; il est écrit d’ailleurs, non par l’auteur, mais par René Benézra.
Ce livre est une défense objective de la façon dont M. H a compris son rôle de Secrétaire général de l’ONU. Écrire qu’elle est « objective » ne signifie pas obligatoirement qu’elle est « convaincante ». Mais on reconnaîtra à l’auteur le souci d’expliquer et de faire comprendre la position de son héros, dans des conditions nouvelles et particulièrement difficiles : nouvelles, parce qu’en fait, Dag Hammarskjoeld s’est trouvé amené à prendre des initiatives que ses prédécesseurs n’avaient pas eues à assumer ; difficiles, parce que la période qui s’étend de 1953 à 1961 a été marquée par des événements particulièrement graves et par des crises qui ont menacé la paix du monde : Suez, Moyen-Orient, Laos, Cuba.
Type du haut fonctionnaire international, qui sera peut-être un jour un modèle, M. H a montré, sous une apparente impassibilité, une véritable passion de la paix, qu’il n’a pu maintenir d’abord qu’en usant de toutes les ressources de la diplomatie personnelle pour faire respecter le statu quo partout où il se trouvait menacé, et plus tard qu’en pratiquant la politique de la présence militaire et civile de l’ONU, puis de son intervention par la force.
Le livre de Joseph Lash mérite d’être lu : la personnalité de M. H est loin d’être indifférente et il est bon de la mieux connaître ; d’autre part cet ouvrage est un cours de diplomatie appliquée à des événements tout récents, dont les conséquences sont encore de pleine actualité. ♦