La Chine en marche
Cet énorme livre a été écrit en 1960-1961. En raison de la rapide évolution de la Chine, on pourrait dire qu’il « date » déjà un peu. Il n’en présente pas moins un intérêt certain. Très facile à lire – il est écrit sous la forme d’un reportage et traite des grands problèmes tout autant que des menus incidents – il retient indiscutablement le lecteur.
L’auteur a longtemps vécu en Chine et a connu les principaux leaders communistes – en tête desquels Mao Tse-Toung – au début de leurs carrières, alors que leur réussite était encore bien incertaine. C’est ce qui lui a valu l’autorisation de circuler facilement en Chine. Mais l’évidente sympathie qu’Edgar Snow professe vis-à-vis du pays, de son peuple, de ses dirigeants et de son régime n’a pas dû le desservir dans ses rapports avec les autorités officielles.
L’impression qui ressort de cette lecture est que, si tout est loin d’être parfait en Chine, rien n’y fait pressentir la catastrophe que tant d’auteurs occidentaux prédisent périodiquement ; au contraire, tout permet d’envisager l’avenir de cet immense pays et de ses centaines de millions d’habitants avec optimisme.
Il serait trop long d’en faire une analyse détaillée, tant la matière est abondante, et répartie tout au long des soixante-quinze chapitres groupés en sept parties, dont chacune traite bien d’un sujet particulier qu’indique son titre, mais déborde largement hors du cadre théoriquement fixé par la table. Il serait plus long encore de comparer les opinions d’Edgar Snow à celles de nombreux auteurs qui ont récemment visité la Chine et fait connaître leurs impressions. Mais on peut retenir la thèse qui se dégage de cet ouvrage et le but dans lequel il a été écrit. Les États-Unis, pense l’auteur, ont tort de méconnaître la Chine communiste ; elle existe, elle est bien vivante, elle est prête à prendre son essor, elle groupe près du quart de la population du globe. Ils doivent pouvoir régler pacifiquement les questions qui les opposent présentement à la Chine. « La perspective d’une réadaptation de la suprématie américaine ne doit pas forcément inquiéter les bons Américains ».
Que le lecteur s’intéresse aux grands problèmes de l’heure, qu’il cherche seulement à s’informer, ou qu’il veuille plus simplement encore, faire, dans son fauteuil, un voyage en Chine en regardant vivre ce peuple si nombreux dans sa banale existence quotidienne, il trouvera de quoi se satisfaire dans ce livre aux vastes dimensions, même s’il doit s’étonner parfois de certaines naïvetés de son auteur. ♦