Histoire parallèle de la France en Algérie (1830-1962)
Le Maréchal Juin a écrit une histoire succincte de la présence française en Algérie, en consacrant ses plus longs développements à l’insurrection et à ses conséquences. Amar Naroun, ancien député de Constantine à l’Assemblée nationale, présente plus longuement la même histoire, du point de vue algérien, mais d’un point de vue qui n’a rien de commun avec celui des leaders du Front de libération nationale (FLN). Les deux histoires sont parallèles, et peuvent pratiquement se superposer, chapitre par chapitre ; elles ne sont nullement opposées. Elles respirent toutes deux la même nostalgie, celle qu’inspire aux deux auteurs le désaccord entre deux peuples qui auraient dû se comprendre et s’entendre.
Les critiques du gouvernement de la Ve République ne manquent pas dans la partie écrite par le Maréchal Juin, qui lui reproche une volonté d’abandon. Amar Naroun, quant à lui, écrit : « En opposant dans l’un de ses discours au peuple français, les “déceptions en chaîne” des Algériens à leurs “espérances éveillées”, de Gaulle s’était résigné à leur reconnaître la responsabilité de leur destin ». Un peu plus haut, il avait écrit également : « Et puis, de Gaulle avait cessé de croire aux victoires stériles de la force… Dès lors… donner au combat une sinistre ampleur, consommer un génocide, c’était du même coup ravager les chances d’une émancipation qui aurait enfin trouvé ses vrais ouvriers ».
Le ton des deux auteurs montre que, contrairement aux postulats de la géométrie euclidienne, deux histoires peuvent être parallèles et se rencontrer. ♦