Le Portugal entre deux révolutions. Suivi de : Un peuple au bout des terres
Il subsiste sur le Portugal bien des idées toutes faites, et la dictature de Salazar est plus ou moins confusément rapprochée, par ceux qui sont mal informés, des dictatures fasciste ou nazie. Pour remettre les choses et les idées en place, la lecture de ce petit volume sera d’une aide efficace.
Pierre Debray fait un tableau rapide, mais précis, de la situation économique du Portugal, à l’aube d’une transformation déjà amorcée et qui doit conduire ce pays de l’ère agricole dans laquelle il vivait encore récemment à l’ère industrielle. Pays sous-développé, il a d’abord fallu lui redonner une infrastructure tant intellectuelle que matérielle : le développement des voies de communication, les premières réalisations dans les domaines agricole et industriel, la lutte contre l’analphabétisme des jeunes, le maintien de provinces d’outre-mer indispensables à la métropole tant que sa transformation ne sera pas largement faite, permettent maintenant d’aborder une nouvelle étape.
Non que tout soit parfait, évidemment, non sans que des dangers nombreux subsistent, et notamment celui de voir les jeunes, accédant tout nouvellement aux sources du savoir, rompre brutalement avec le passé et vouloir réaliser trop vite des plans trop théoriques et trop ambitieux.
Somme toute, un pays progressiste, mais conscient aussi d’une nécessaire progressivité, dans lequel le chef de gouvernement n’a pas voulu créer un parti unique, et gouverne d’une façon empirique quant aux méthodes, suivant un but bien déterminé. En face de lui, aucun parti organisé, sauf le Parti communiste. L’évolution du Portugal exigeant une autorité ferme à la tête de l’État, il n’y a qu’une alternative : ou bien le pays restera nationaliste, ou bien il deviendra communiste. Dans l’intérêt de l’Occident, c’est le premier terme évidemment qui devrait l’emporter. Mais alors, convient-il de permettre au Portugal de nouer des liens avec l’Europe nouvelle, liens qui devraient tenir compte de son retard par rapport aux pays développés du Marché commun ; on risquerait de provoquer une crise grave si on voulait l’aligner trop vite avec des partenaires trop évolués.
Telles sont les idées que développe Pierre Debray. Son exposé est fort agréablement complété par quelques pages dans lesquelles Béatrice Sabran décrit avec humour les Portugais et leur comportement dans la vie courante.
Un livre court, qui se lit en une heure, mais qui apprend plus de choses qu’un gros volume. ♦