Les mutations de la guerre moderne. De la Révolution française à la révolution nucléaire (1792-1962)
Le général Perré avait précédemment publié dans la même collection, sous le titre La guerre et ses mutations, une étude qui portait sur l’évolution de la guerre des origines à 1792. Ce nouvel ouvrage est donc une suite, en même temps qu’un développement du précédent.
Il est divisé en trois parties. Dans la première, l’auteur étudie les conséquences de la révolution politique et sociale sur la forme de la guerre, d’abord pendant la période de la Révolution et de l’Empire, puis tout au long du XIXe siècle, cependant que les conséquences de la Révolution française continuent de se faire sentir. Il résume en une phrase l’impression d’ensemble sur cette évolution : « le triomphe du nombre et du canon ».
La deuxième partie est consacrée à la période 1914-1945, au cours de laquelle Jean Perré souligne les conséquences sur la guerre de la révolution industrielle, qui permet d’équiper des millions d’hommes et d’étendre les hostilités à toute la planète : c’est l’ère des guerres mondiales, avec leurs formes les plus variées : les tentatives de guerre de mouvement qui se transforment en un enlisement dans les tranchées, puis l’apparition du char et le développement de l’aviation, qui permettent la reprise de la guerre de mouvement à la fin de la Première Guerre mondiale et les campagnes-éclair du début de la Seconde, enfin la mise en œuvre de toutes les ressources industrielles et démographiques qui conduit aux grands affrontements de la fin du conflit, sur les fronts d’Europe et d’Asie.
La troisième partie, beaucoup plus courte que les précédentes, esquisse les transformations de la guerre après 1945, sous le double signe de la menace nucléaire et de l’introduction des méthodes subversives.
Dans un dernier chapitre, modestement intitulé : « Essai de synthèse prospective », l’auteur tente de définir ce que peut être la guerre dans le proche avenir, en se gardant de prédictions ou même de prévisions à long terme. Si, dans le monde moderne, il paraît indéniable que de nombreux esprits sont séduits par l’idée d’une unité œcuménique, il convient de ne pas oublier que les grands ensembles peuvent se trouver déchirés par des guerres civiles. Et la situation du monde et de ses inégalités, l’existence de régions sous-développées sont des facteurs par eux-mêmes suffisants – sans compter les inévitables rivalités entre les hommes – pour alimenter des conflits. Dans ce monde divisé – même s’il réussit à s’unir – il faudra maintenir l’ordre. Et ce sera la mission des Occidentaux, parce qu’ils sont pour longtemps encore les plus riches, les plus forts et les mieux organisés.
Ouvrage de large information, donnant des indications fort précieuses, reproduisant des statistiques, mais conservant cependant un caractère synthétique, Les mutations de la guerre moderne est indiscutable ment un livre à lire. ♦