Un milliard d’hommes : le poids du Tiers-Monde
Une nouvelle étude sur le Tiers-Monde, dont il semble que les auteurs aient eu l’ambition de faire une synthèse de l’évolution et des problèmes des pays sous-développés. Entreprise difficile, dont de nombreuses conclusions restent discutables, ne serait-ce que pour une raison toute simple : c’est que cette évolution commence à peine, et que tous les problèmes ne sont pas encore nettement définis. D’autre part – et les auteurs ont insisté sur ce point – le Tiers-Monde est très divers et n’admet guère de dénominateur commun. Dans leur dernier chapitre, Jean Lacouture et Jean Baumier comparent les pays développés et capables de venir en aide aux pays du Tiers-Monde, à des centrales qui pourraient, à leurs heures creuses, fournir l’énergie dont ont besoin les nouveaux États, suivant un système de délestage qu’il faudrait mettre au point. Ce qui supposerait que ce Tiers-Monde n’est pas un des enjeux entre l’Est et l’Ouest, mais devienne au contraire le commun objectif de leurs efforts enfin solidaires.
L’ouvrage comprend seize chapitres, groupés en trois parties. Chacun des chapitres, considérés isolément, offre un indiscutable intérêt. Le lecteur, suivant ses propres idées ou ses propres préoccupations, appréciera davantage l’un ou l’autre. À notre avis, ce sont les chapitres qui traitent des aspects humains qui sont les mieux venus ; basés sur des contacts personnels avec les dirigeants des nouveaux États indépendants, sur des impressions recueillies au cours des réunions internationales du Tiers-Monde, de Bandoung à Belgrade, ils ont la valeur de témoignages ; inspirés par une évidente sympathie pour la cause – ou pour les causes – du Tiers-Monde, présentées par ses dirigeants, ils ne manquent cependant pas d’objectivité et s’agrémentent souvent d’un humour de bonne qualité.
On regrettera sans doute que les auteurs n’aient pas davantage insisté sur les pays de l’Afrique Noire et moins encore sur ceux de l’Amérique du Sud. Leur expérience de l’Asie, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord l’emporte visiblement sur celle qu’ils peuvent avoir des autres régions du Tiers-Monde, et peut les amener à formuler des hypothèses ou des conclusions qui auraient mérité des bases plus larges.
Toutes ces remarques à propos d’un livre important témoignent de l’intérêt qu’a suscité l’entreprise des auteurs, et ne peuvent qu’inciter à lire cet ouvrage, un des meilleurs parmi ceux qui ont paru – et ils sont nombreux – sur le Tiers-Monde. ♦