Fonder l’avenir
Un pays de vieille civilisation, comme la France, dans lequel le progrès social a éliminé, sauf rares exceptions, la misère physiologique, et où, malgré la persistance de flagrantes inégalités, l’immense majorité de la population possède au moins le minimum vital, n’a pas besoin de s’inspirer des exemples du communisme russe ou du capitalisme américain ; ceux-ci correspondent à des sociétés d’un type différent de celui auquel appartient la société française. C’est donc en nous-mêmes et par nous-mêmes, et non dans l’imitation des modèles extérieurs, que nous devons assurer notre avenir.
Les principes de propriété et de profit doivent être maintenus, lorsque leur application conduit à donner à l’individu – qui doit rester l’objet de tout progrès – une vie matérielle convenable et un confort suffisant. C’est donc dans l’ordre social qu’il convient de rechercher le progrès, les conditions économiques n’étant qu’un moyen d’assurer cette équité et ce mieux-être dans la structure sociale.
Les hommes ne peuvent pas s’enthousiasmer pour des plans austères de productivité. Il faut leur indiquer des buts précis, dans lesquels l’intérêt individuel est assuré en même temps que l’intérêt collectif. Le Quatrième Plan quadriennal – malgré ses qualités – n’est en somme qu’une estimation du développement économique normal des prochaines années. Il faut lui ajouter un Plan social de dix ans, permettant notamment à chaque Français d’élever de 50 % sa capacité de consommation, lui conférant la propriété de son emploi, lui laissant quarante-huit heures par semaine de délassement et de loisir, démocratisant l’enseignement, donnant à chacun un logement correct, attribuant aux gens âgés des retraites décentes.
Tel est, très sommairement résumée, la teneur de ce livre court, écrit d’un style rapide, souvent incisif, qui ne ménage pas ses critiques au régime, tout en reconnaissant le travail qu’il a effectué, et cher chant à trouver les moyens de susciter un élan national pour préparer le proche avenir. ♦