Pour l'Iran, compte tenu du retrait britannique à l'Est de Suez et de la nécessité d'assurer rapidement son développement grâce à des revenus pétroliers quadruplés mais éphémères, la sécurité et la stabilité de cette région charnière entre trois continents sont des impératifs primordiaux. Face à ce défi, l'Iran continue à développer ses forces armées et à les équiper essentiellement avec l'aide des États-Unis. Ce souci de sécurité ne doit rien à une prétendue rivalité arabo-iranienne pour la domination du Golfe mais est beaucoup plus orienté vers l'Est en vue d'y appuyer le projet d'une coopération quadripartite avec le Pakistan, l'Inde et l'Afghanistan et de faire échec à une manœuvre en tenaille visant la Corne de l'Afrique et la vallée de l"Indus.
L'Iran sur la brèche (1968-1978)
Au mois de janvier 1968, le Gouvernement de M. Wilson annonçait aux Communes sa décision de procéder au retrait des forces militaires britanniques de la région se situant « à l’Est de Suez ». Quelques semaines plus tard, la flotte de guerre soviétique faisait sa première apparition dans l’Océan Indien. C’est également l’époque à partir de laquelle les États-Unis ont commencé de faire peser, depuis l’Océan Indien, avec leurs missiles balistiques et leurs sous-marins nucléaires, une menace permanente sur la partie méridionale du territoire soviétique. Enfin, c’est en juillet 1968 qu’à Bagdad, le parti Baas accédait au pouvoir, renouvelant les données de l’équilibre moyen-oriental et brusquant, en tout cas, un monde arabe prostré par la défaite qu’il venait d’essuyer dans la guerre des Six Jours.
Ces événements, dont une France trop égotiste n’a peut-être pas alors saisi la signification, ont enclenché un mouvement ou révélé un phénomène dont les années suivantes ont montré l’importance, dans sa double composante militaire et politique :
• Le problème militaire est né de la diminution inexorable de l’engagement direct des pays occidentaux au Moyen-Orient. Cette évolution que traduisait, à sa façon, la doctrine américaine dite de Guam (1969), a trouvé dans le Golfe son aboutissement avec la suppression, l’an dernier, de la dernière base qu’y entretenait un pays occidental (1). Corrélativement, les pays socialistes ont tenté, avec plus ou moins de bonheur, de développer leur présence militaire dans la zone ou à ses abords, notamment en se présentant comme les défenseurs des pays menacés dans leur intégrité territoriale ou leur régime politique.
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