J’ai vécu dans l’enfer communiste au Nord Viet Nam et j’ai choisi la liberté
Le titre est suffisamment explicite pour que le lecteur sache ce qu’il va trouver dans ce livre : un long réquisitoire, étayé sur une multitude de faits, contre le régime qui s’est instauré au Nord-Vietnam et d’une façon plus générale, contre le communisme, « cette gigantesque entreprise de gangstérisme, dont la mauvaise foi est la loi, et qui s’appuie sur des centaines de millions d’esclaves, qui, sous l’empire de la terreur, lui forgent une puissance toujours accrue… » Cette phrase extraite du livre donne le ton du style dans lequel il est écrit.
L’auteur est passionné, parce que son histoire est celle d’une amère et profonde désillusion, qui l’a conduit à la révolte. Ayant cru qu’après Genève, une aube de bonheur allait se lever sur le Nord-Vietnam, enfin libéré des « colonialistes » et ayant enfin recouvré son indépendance, il s’est fait fonctionnaire du régime, et a dirigé à Hanoï un lycée. À son avis, le drame a été que les accords de Genève n’ont pas été respectés, que le monde libre a abandonné les populations du Nord-Vietnam à l’entreprise démoniaque de « la perversion communiste », et que les anciens résistants nord-vietnamiens ont été peu à peu encadrés, puis domestiqués, puis réduits en esclavage par quelques centaines de fanatiques.
Son livre est celui d’un témoin qui a vu comment cette transformation s’est faite et qui dénonce, avec passion et abondance, les crimes contre l’humanité, tous les jours perpétrés au-delà du 17e parallèle. Avec la même vigueur, l’auteur attaque la Délégation française à Hanoï dont il a fait une description sévère.
Le lecteur ne se mettra peut-être pas au niveau de la passion qui anime Gérard Tongas. Nombre de ses jugements sur la période antérieure à 1955 le choqueront vraisemblablement. Mais le récit de la vie quotidienne en Nord-Vietnam sous le régime communiste retiendra certainement son attention ; cette peinture, par le menu détail, des conditions d’existence dans un pays que tant de Français ont aimé et pour lequel ils ont travaillé, par son contraste avec les souvenirs qu’ils en ont rapporté, aura sans doute une force d’évocation et de démonstration plus grande que les considérations d’ordre purement politique développées çà et là par l’auteur. ♦