Lettre à N.S. Khrouchtchev sur la paix
Cette lettre a été écrite à M. K. [Khrouchtchev] afin qu’elle lui parvienne à l’ouverture de la Conférence au Sommet, en mai 1960. L’auteur la publie en fin d’année. Il est évident que la forme épistolaire n’est qu’un genre choisi par Spartacus pour rendre plus directs les propos qu’il développe sur la politique soviétique et sur l’attitude même de M. K. L’argumentation semble pouvoir se résumer ainsi :
Vous qui êtes un produit de l’ère stalinienne, vous dont la carrière fulgurante a été due à Staline, vous qui êtes « perverti, intellectuellement et moralement par vingt ans d’approche de l’homme Staline », vous savez bien que le seul problème pour les Occidentaux est de savoir quelle est votre conception de la coexistence pacifique. Car la coexistence est dans la nature des choses, depuis 1923, c’est-à-dire depuis que la révolution russe a montré qu’elle ne pouvait se transformer rapidement en révolution mondiale, mais qu’elle était capable de se défendre contre l’Occident. Le socialisme, dans ces conditions, a changé d’objet ; il était international ; il est devenu un produit national russe ; la socialisation « n’est aucunement effectuée pour réaliser l’émancipation des travailleurs, mais elle est effectuée pour atteindre certains objectifs politiques globaux ». « Ainsi s’explique l’étonnante transformation de l’Internationale, d’organisme de commune élaboration de la révolution mondiale en organisme de domination soviétique ». C’est pourquoi, vous savez bien aussi que la politique extérieure que vous suivez ne diffère fondamentalement en rien de la politique extérieure de Staline. Vous en avez seulement fait disparaître « l’agressivité imbécile et sans objet ». Vous avez changé le style, mais non les principes. Si la guerre est impensable, tant qu’existent et se développent les armements nucléaires, vous n’ignorez pas qu’elle redeviendrait possible, si ces armements étaient supprimés ; possible et avantageuse pour vous : vous avez montré ce que pouvaient faire des forces conventionnelles en Hongrie, et vous sauriez jouer dans l’avenir comme dans le passé des rivalités entre les puissances occidentales. Car, si vous proclamez que ces rivalités, ces contradictions, suffiront à provoquer l’effondrement de l’Occident, vous savez bien que cet effondrement sera plus certain si vous y contribuez. Mais la guerre est finalement une solution sans intérêt ; la lutte économique et idéologique est plus efficace ; vous vous en rendez compte mieux que quiconque ; c’est pourquoi vous êtes devenu « un sage de la politique internationale ». Mais cela ne modifie pas les buts que vous poursuivez.
Il ne semble pas nécessaire de commenter ce résumé d’un livre qui frappe par la logique de son raisonnement, la force de sa philosophie historique, et son style direct. ♦