L’Europe centrale : évolution historique de l’idée de « Mitteleuropa »
Cette étude historique porte sur le développement et les divers aspects de l’idée d’un État supranational, occupant cette région géographiquement mal définie que l’on appelle l’Europe centrale. On pourrait dire que c’est davantage l’histoire d’une suite d’intentions, de projets, de plans, que de faits. Et c’est ce qui la rend intéressante et lui donne un caractère nouveau.
Plus encore que l’histoire d’une série de faits, celle de l’évolution d’une idée prête à interprétation. Jacques Droz prend parti et montre qu’à son avis, la « Mitteleuropa », telle que la voyait Naumann pendant la Première Guerre mondiale, était exempte de tout racisme, de tout soupçon d’hégémonie d’une majorité sur des minorités. Ainsi conçu, un État supranational est séduisant, s’il permet aux minorités de s’épanouir pleinement, comme un arbuste fragile à l’ombre d’un grand arbre. On sait cependant comment les communistes ont réglé le problème des nationalités dans la pratique, tout en professant des théories parfaitement morales. On a vu également dans quelles conditions l’hitlérisme a tenté de réaliser, sous son hégémonie, une Europe centrale. Il y a souvent des abîmes entre les idées qu’émettent les penseurs, et les réalisations que bâtissent les hommes d’action.
On lira cependant avec intérêt cet ouvrage d’un caractère particulier, en formant le vœu que dans la construction de l’Europe, les hommes d’État et les peuples eux-mêmes s’inspirent de théories hautement désintéressées et généreuses. ♦