Imre Nagy, l’homme trahi
La figure d’Imre Nagy reste un symbole : celui de l’honnête homme qui a cru au communisme et qui en est mort. Le livre de Tibor Meray est à la fois une biographie de l’homme d’État hongrois – réduite d’ailleurs à la période de 1956 – et un récit de la révolution hongroise qui ébranla le régime de l’autre côté du Rideau de Fer.
Communiste convaincu, mais tentant de rester « un homme au sein de l’inhumain », voulant croire jusqu’au bout aux enseignements du léninisme et à la pureté d’intention de ses frères en religion, Imre Nagy paraît comme un scientifique naïf, poursuivant son rêve au milieu d’événements qui le dépassaient et d’hommes qui le trahissaient. Il a considéré en effet le communisme comme une science exacte, celle du bonheur de l’humanité, sans se rendre compte – ou en refusant de se rendre compte – du déchaînement des appétits individuels et des constantes cyniques d’une politique impitoyable. Les communistes fidèles aux consignes du Parti l’ont assassiné en 1958, dans des conditions mal définies que l’auteur tente de reconstituer. Cet idéaliste avait pourtant conscience des vraies aspirations du peuple hongrois, qui demandait à le suivre et que seule la répression des troupes soviétiques a contraint à la soumission.
Le récit de Tibor Méray reconstitue jour par jour la révolution hongroise de 1956. Parmi tous les récits publiés jusqu’à ce jour, il semble bien que celui-ci soit le plus complet, le plus clair et le plus explicite. Ces qualités feront excuser quelques longueurs dans l’exposé des faits. Il montre en particulier, de façon particulièrement frappante à quel point les pays satellites sont sous la férule du parti et peuvent difficilement s’en dégager.
Ce livre est intéressant à de multiples égards. Nous en conseillons vivement la lecture. ♦