À l’occasion de la VIe Exposition navale qui doit se tenir au Bourget du 23 au 28 octobre prochains et se prolonger le 30 octobre à Brest par une présentation statique et dynamique des matériels en service dans la Marine nationale, nous consacrons l’essentiel du présent cahier à certains aspects importants de nos forces navales. Avant de présenter à nos lecteurs les articles de l’amiral Lannuzel, du vice-amiral Accary, du contre-amiral Lacoste et du capitaine de vaisseau Beaussant, nous avons pensé qu’il était opportun de replacer ces problèmes de notre marine nationale dans le cadre plus général d’une nécessaire politique française de la mer.
Trois événements illustrent l’actualité de cette question : la récente création en juillet d’une Mission interministérielle de la mer, la clôture à la mi-septembre de la 7e session de la Conférence des Nations unies sur le droit de la mer à New York et enfin l’examen, début octobre, par le Conseil économique et social (et ensuite par le Parlement), du projet de révision du VIIe Plan qui doit, entre autres, fixer les orientations de la politique de notre pays en matière maritime, en attendant la préparation du VIIIe Plan à partir de 1979.
En instituant un Comité Interministériel de la Mer, en lui donnant pour objectif de « délibérer sur la politique du gouvernement sous ses divers aspects nationaux et internationaux » et de « fixer les orientations de l’action gouvernementale dans tous les domaines de l’activité maritime », en créant une Mission Interministérielle de la Mer chargée de préparer les travaux du Comité, de veiller à l’exécution des décisions et de coordonner les administrations, en plaçant l’ensemble sous l’autorité du Premier ministre, le gouvernement vient de s’engager sur la voie d’un incontestable changement : celui qui consiste à promouvoir une politique maritime en France (1).
De multiples actions étaient déjà conduites par les différents ministères qui ont un secteur maritime dans leurs attributions : défense, transports, environnement et cadre de vie, industrie et commerce, intérieur, etc. Mais des opérations sectorielles juxtaposées ne donnent pas une politique nationale : celle-ci ne peut être définie et dirigée qu’au niveau du chef du gouvernement.
Certes, le dispositif retenu apparaîtra timide à ceux qui, avant les élections de mars et d’un bout à l’autre de l’échiquier politique, préconisaient la création d’un ministère de la mer délégué près du Premier ministre : on est cependant dans la bonne direction et il est permis d’espérer qu’il s’agit d’une première étape en attendant des structures plus élaborées.