Un cas de décolonisation. Les États-Unis et les Phillipines
On ne pourrait trouver un sujet d’une plus grande actualité. L’auteur présente d’ailleurs cette importante étude comme la première partie d’un travail d’ensemble, qui sera consacré « à la naissance des États nouveaux et à leurs rapports avec les anciennes métropoles ».
Les rapports entre les États-Unis et les Philippines sont examinés sous leurs aspects les plus divers. Il suffit pour s’en convaincre de citer les titres des différents chapitres : régime colonial (statut juridique, situation économique et sociale, institutions politiques et administratives), critères et motifs de l’indépendance, marche vers l’indépendance, alliance et défense (assistance militaire, alliance, bases américaines), relations commerciales entre les deux pays, statut des biens et des citoyens américains, assistance des États-Unis aux Philippines.
De ce sommaire les lecteurs se rendent compte qu’ils trouveront matière à réflexion, sur tous les sujets concernant les relations entre la France et les États de la Communauté.
Sans doute est-ce le chapitre consacré aux problèmes de défense qui retiendra le plus l’attention. L’auteur montre l’évolution de la conception américaine sur ce point. Initialement, elle envisageait l’indépendance comme une séparation entre les États-Unis et les Philippines, séparation qui n’excluait évidemment pas une alliance, comme il s’en établit entre deux pays souverains. Sous la pression des événements, et notamment après la leçon de la dernière guerre, il a paru aux Américains qu’il leur était nécessaire de posséder des bases aux Philippines, ce qui conduisait à une formule proche de l’association, et nécessitait une assistance dans le domaine militaire, évidemment, mais aussi très au-delà de ce domaine. Les Philippines elles-mêmes venaient de connaître l’occupation japonaise, et sentaient fortement le besoin d’un appui solide. La notion de défense, également ressentie par les deux interlocuteurs, s’est donc trouvée à la base des accords établis entre eux.
C’est là une leçon pratique de la plus haute importance et du plus haut intérêt. Il arrive – et c’est un phénomène constant dans l’histoire militaire – que la notion de la puissance du feu, évidente au moment du combat, s’estompe vite dans les périodes de paix. La notion de la menace et celle, corrélative, de la nécessité d’une union, évidente après la guerre, risque également de s’atténuer lorsque le danger s’éloigne ou semble s’éloigner.
On trouvera dans cet ouvrage bien d’autres choses. Malgré son titre et son apparence austère, ce livre est d’une lecture facile, et les idées présentées à chaque page suggèrent des réflexions qui portent sur l’immédiate actualité. ♦