Mythes et réalités de l’impérialisme colonial français (1871-1914)
« On n’est pas consciemment hypocrite. On ne vit pas pendant trente ans dans le mépris de soi-même. Ce serait ne rien comprendre de l’impérialisme colonial que de le présenter comme la curée de capitalistes avides de riches territoires et de populations sans défense. L’impérialisme colonial, comme le capitalisme dont il procéda, fut une vertu. Ses protagonistes servirent les grands idéaux de l’époque, l’idéal national et l’idéal humanitaire. Ils eurent bonne conscience. On n’insistera jamais assez sur ce point. »
Nous pensons que cette longue citation, extraite d’un des chapitres du livre, en éclaire parfaitement l’esprit et la thèse. L’auteur soutient que, contrairement à ce que l’on croit (et ce que l’on tente volontairement de faire croire), la politique et l’idéal ont été des causes beaucoup plus déterminantes que l’économie du phénomène colonial, dans les années 1871-1914. Il soutient également, et contrairement encore aux idées admises, que l’opinion publique ne s’est nullement désintéressée de l’entreprise coloniale ; elle l’a soutenue, approuvée, parce qu’elle était une revanche des défaites de la guerre de 1870, parce qu’elle remettait la France à sa place de grande nation.
Henri Brunschwig, sans entrer dans la période actuelle, écrit toutefois que la poussée nationaliste des peuples colonisés est la conséquence directe, la reproduction du nationalisme d’où était sortie la colonisation moderne.
Ce livre, on le voit, présente des opinions originales et réconfortantes, dans un moment où le sentiment de la « mauvaise conscience » risque de faire perdre toute objectivité dans les jugements portés sur le phénomène social qui fut la colonisation. L’auteur est suffisamment connu et compétent en matière coloniale pour que son opinion soit écoulée. ♦