Devenir ce qu’on est
L’idée de demander aux auteurs d’écrire leur propre biographie et de faire la critique de leurs ouvrages était intéressante et valait la peine d’être mise à exécution. Georges Duhamel, Philippe Hériat, Jacques de Lacretelle, André Maurois ont déjà livré ainsi au public leurs réflexions sur eux-mêmes. D’autres auteurs célèbres suivront prochainement leur exemple.
André Chamson parle de sa vie, de sa conception de l’œuvre littéraire et de ses principaux ouvrages avec une clarté et une franchise auxquelles nul lecteur ne restera insensible. S’affirmant méditerranéen, insistant sur ses origines cévenoles et protestantes, sur son bilinguisme français et provençal, se disant le fils de la civilisation née sur le versant sud du Massif central entre la montagne et la mer, repoussant l’idée qu’il pourrait être classé parmi les auteurs régionalistes, soulignant à quel point l’original doit trouver sa source dans l’originel, c’est-à-dire dans les origines les plus nettement enracinées dans une région et dans une ambiance particulières, montrant combien la profession, le métier, ont une influence formatrice, il fait un portrait qui attire la sympathie et l’estime. Les opinions littéraires de l’auteur, qui se traduisent par la forme et le ton de ses œuvres, reposent sur des données concrètes, dans lesquelles se rejoignent et s’harmonisent l’intellectuel, le spirituel et le matériel.
L’ouvrage, relativement court, n’est nullement une « confession » ; c’est un exposé objectif de la condition de l’homme de lettres, mêlé à la vie de son époque, y participant activement, rattaché à la vie courante par un métier qui n’est pas seulement un gagne-pain, mais une part de lui-même. ♦