Narvik
Il y a une dizaine d’années, Jacques Mordal avait écrit un livre sur la campagne de Norvège. Il reprend le même sujet, en tenant compte des documents nouveaux qui ont été publiés depuis dix ans sur cette phase de la guerre 1939-1945.
C’est un récit des événements et non un exposé des opérations stratégiques et tactiques. Mais ce récit, très vivant et très documenté, permet cependant au lecteur de se rendre compte des conditions dans lesquelles ont été conçues, engagées et conduites, de part et d’autre, les opérations de Norvège. Du côté allemand : prévision, décision, préparation logistique poussée, instruction des hommes, non sans une certaine chance au cours des opérations. Hésitation, méconnaissance des conditions dans lesquelles pouvait être engagée à grande distance une opération combinée, divergence de vues entre les différents alliés, courage des exécutants, voilà l’autre côté du diptyque.
Des opérations de la dernière guerre, peut-être celle de Norvège reste-t-elle la plus riche d’enseignements utilisables encore à l’heure actuelle. Il s’agissait en effet d’une vaste opération interalliée et interarmées, à mener dans une situation diplomatique délicate, et dans des conditions d’exécution particulièrement sévères, en raison du faible équipement logistique des régions où se sont déroulés les combats, de la rudesse du climat et des difficultés du terrain. On pense à ce que serait une action menée outre-mer, dans des conditions comparables, malgré l’opposition des climats, et il est facile de mesurer, en se basant sur l’expérience de Norvège, de la nature et de la minutie de la préparation qu’elle nécessiterait.
Dans le récit de Jacques Mordal, le lecteur trouvera, s’il le désire, ample matière à réflexion et à transposition. Il serait vain de s’attarder à la critique de ce qui a été fait ; mais il est hautement nécessaire d’en prendre conscience, pour éviter le retour de fautes semblables.
L’auteur, bien qu’il ait traité l’ensemble des opérations de Norvège en 1940, a donné comme titre à son livre : Narvik, pour tirer de l’oubli le nom d’une victoire en grande partie française, victoire que les événements qui se déroulaient sur le front de Belgique et de France au même moment ont rendu sans objet, mais victoire quand même, due à l’initiative et au courage des exécutants. Il était juste que le nom prenne un relief particulier et soit nettement souligné. Il était bon qu’il atteste le redressement d’une situation générale mal engagée, et soit offert comme un symbole. ♦