Naissance d’une dictature
Hans Otto Meissner est le fils du secrétaire d’État qui fut membre, puis chef du cabinet du Président du Reich pendant les années qui suivirent la Première Guerre mondiale jusqu’à l’avènement d’Hitler. Harry Wilde est un journaliste. Les deux auteurs, en s’efforçant d’établir les mémoires du docteur Meissner, ont écrit un livre d’histoire sur la naissance du nazisme, et plus particulièrement sur les événements par lesquels il s’assura le pouvoir.
Le livre, d’une lecture assez austère, est un document important sur une partie de l’histoire de notre temps, un document très détaillé, précis, et qui descend parfois jusqu’à la description des faits heure par heure. Nul doute que les historiens auront à s’y référer plus tard.
Aujourd’hui, le lecteur hésitera peut-être à suivre, dans un tel détail, le récit des événements dont il connaît la conclusion. Le temps n’est pas encore venu où l’on peut le lire aves détachement et objectivité. Cependant, bien des scènes se gravent dans la mémoire, et le portrait le plus vivant est sans doute celui du Maréchal Hindenburg, responsable impuissant du mouvement qui emporte l’Allemagne – et qui emportera bientôt le monde – vers les aventures et la catastrophe.
Naissance d’une dictature, certes, voulue par un petit nombre d’hommes seulement, cependant acclamée par tout un peuple. Ce n’est peut-être pas la conclusion que les auteurs voulaient faire partager aux lecteurs. C’est pourtant celle qui s’impose : la responsabilité du peuple allemand se trouve engagée dans l’aventure nazie, puisque Hitler a pris grand soin de ne gravir les échelons du pouvoir que dans les formes légales, et que des votes massifs l’ont confirmé dans les fonctions qu’il s’attribuait. ♦