Comment les Communistes se sont emparés de mon pays
Le titre de cet ouvrage ne correspond sans doute pas exactement à son contenu. En effet, il ne s’agit pas seulement d’une histoire de la conquête de la Chine, par les forces de Mao Tsé-Toung – qui, résumée dans la première partie du livre, n’en occupe que le tiers – mais bien d’une prise de position politique et militaire sur les grands problèmes actuels de la coexistence entre le monde communiste et le monde libre. Le texte a donc une portée beaucoup plus grande que ne pourrait le laisser croire le titre.
Il n’est pas indifférent de connaître le point de vue d’un chef qui, assumant les rôles de chef du gouvernement et de généralissime, dans un pays aussi vaste que la Chine, a lutté pendant de longues années contre le communisme, à l’intérieur de ses frontières, mais aussi à l’extérieur, puisque le communisme soviétique appuyait étroitement le communisme chinois.
Si la première partie a un intérêt historique et peut servir de « cas concret », les deux autres parties sont beaucoup plus générales et livrent la pensée de l’auteur sur les problèmes les plus élevés de la politique internationale.
Le lecteur sera frappé par l’unité de la pensée politique et militaire de Tchiang. Bien qu’il ait tenté davantage de tirer des conclusions dans le domaine militaire, il est bien évident qu’à l’échelon auquel il se trouve placé, il est impossible de dissocier le politique du militaire.
Tchiang insiste vigoureusement, en se référant aux expériences chinoises en la matière, sur le mythe de la coexistence pacifique entre l’Occident et le bloc communiste. Il dénonce la « stratégie en zigzag » de Moscou, pour qui la route la plus courte vers Paris passe par Pékin et Calcutta. Il explique comment les forces militaires ne sont qu’un des éléments de l’action totale menée par les Soviets dans leur stratégie mondiale, comment leur intervention est longuement préparée par une infiltration psychologique et politique. Il avertit avec force les Occidentaux que les succès communistes tiennent beaucoup plus à leurs divisions, à leurs rivalités, qu’à la valeur propre des méthodes soviétiques.
Dans tout cela, rien qui puisse surprendre un lecteur français averti, par notre propre expérience, des conditions dans lesquelles se propagent l’idéologie communiste et les idéologies parallèles. Mais ce livre ne s’adresse pas qu’aux lecteurs français. Il en est d’autres qu’il est encore nécessaire de convaincre, même d’évidences…
Livre important, que l’âge et la présente situation de l’auteur ne doivent pas faire négliger ; livre qu’après une première lecture, il sera certainement bon de reprendre plus en détail ; témoignage, autocritique et confession d’un homme qui fut un moment un des grands chefs des armées alliées. ♦