Entre la peur et l’espoir
Il serait vain de vouloir résumer ce livre. Il est trop dense et la pensée y est trop nuancée pour qu’en quelques lignes, on puisse rendre compte de ce qu’il contient.
La peur, c’est celle que cause le développement de la puissance destructive que les hommes ont à leur disposition. L’espoir, c’est le développement, plus lent que le précédent, du sentiment de la solidarité internationale. Dans le monde actuel, certaines régions ne connaissent que la peur, certaines autres que l’espoir. Seule, l’Europe occidentale peut se placer « entre la peur et l’espoir », mais parce qu’elle doit procéder à une réadaptation aux conditions de la vie actuelle, conditions qui ont changé du tout au tout sa place. Il lui reste suffisamment de son ancienne primauté, elle a suffisamment perdu de ses anciennes prérogatives et de ses anciens privilèges, pour pouvoir plus exactement trouver la porte étroite entre la peur et l’espoir.
Au cœur des problèmes actuels : la situation des peuples sous-développés, peu capables d’accéder sans aide extérieure à l’exercice d’une indépendance complète et véritable, cherchant à trouver au dehors l’aide qui leur est nécessaire, mais sans abdiquer rien de leurs droits, et vers lesquels les grandes puissances, effectives ou passées, dirigent leurs utopies d’exportation. Des rivalités naissent, brutales, aiguës, mais dérisoires dans un monde si petit qu’un satellite artificiel en fait seize fois le tour en vingt-quatre heures.
La dangereuse absurdité de la situation explosive actuelle ouvre les chemins vers une coexistence pacifique des opinions, des religions en apparence les plus opposées. Mais cette coexistence est la condition nécessaire et peut-être suffisante pour que le dialogue commence entre les blocs rivaux et pour que puisse enfin être préparée une ère d’entente et d’union entre les hommes. ♦