Mémoires du Maréchal Montgomery
Le Maréchal Montgomery a donné à ses Mémoires une forme originale. En dehors des anecdotes plaisantes ou caractéristiques qui y abondent et donnent à l’ensemble de l’ouvrage une note d’humour, il y a deux éléments principaux : d’une part, un exposé historique des grandes décisions auxquelles le Maréchal participa au cours de la Seconde Guerre mondiale et pendant les années qui suivirent, d’autre part, un commentaire qui en tire les leçons. Ancien instructeur dans une école de guerre, le Maréchal a donné à cette partie didactique la place la plus importante. À ce titre, ses Mémoires peuvent être considérés comme un manuel à l’usage du Haut Commandement.
Ce sera la tâche des historiens de dire si les opinions émises par le Maréchal Montgomery sur les opérations, sur les plans et la façon dont ils ont été appliqués, doivent être admises comme définitives ou doivent être atténuées ou modifiées. Pour le lecteur d’aujourd’hui, la façon dont le Maréchal « démontre » qu’il a eu raison ou tort de procéder comme il l’a fait, paraît convaincante ; il faudrait se livrer à une longue et minutieuse critique des livres écrits par les autres grands chefs militaires de la guerre pour comparer leurs arguments à ceux de l’auteur. C’est ainsi que la stratégie que ce dernier expose lorsqu’il décrit les opérations de la VIIIe Armée en Afrique du Nord, et surtout le plan qu’il proposait de suivre après le débarquement de 1944 en Normandie pour achever la guerre dans les meilleurs délais, sont présentés dans cet ouvrage d’une façon tellement claire qu’il paraît a priori et sans étude comparative complète qu’il eût été avantageux de les adopter.
Mais ces discussions d’ordre stratégique ne forment, somme toute, qu’une partie de l’ouvrage. Ce qu’il faut retenir de ces Mémoires, c’est la méthode de commandement du Maréchal Montgomery. Elle est connue : il l’appelle la « méthode du leadership », c’est-à-dire la méthode de la conduite des opérations par le contact humain le plus étroit entre le chef et ses subordonnés de tous échelons. Mais il est intéressant, ou mieux, passionnant, d’apprendre la façon dont le Maréchal a passé de la théorie à la pratique. C’est, comme nous l’écrivions plus haut, un beau « manuel de commandement » que nous lègue un des chefs les plus célèbres de la guerre.
Inutile d’ajouter que ce livre doit être lu et étudié par tous ceux qui se préoccupent, non seulement des questions militaires, mais des questions relatives au maniement des hommes.
Il est regrettable que, dans la traduction d’un tel ouvrage, – traduction fort élégante et fort claire – de nombreux termes techniques aient été inexactement rendus. La traduction littérale de certaines expressions anglaises est ou inexacte ou erronée. Ces erreurs peuvent être réparées facilement au cours d’une nouvelle édition qui, à notre avis, s’imposera en raison du succès que cet ouvrage doit rencontrer dans le grand public. ♦