Le Destin de l’Europe
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Européens ont pris conscience de la solidarité qui les lie. Ils ont soudain compris que leur civilisation venait d’échapper à un immense péril et qu’elle ne cessait d’être menacée : cette prise de conscience les pousse à s’unir.
Dans Le destin de l’Europe, Jean Albert-Sorel s’attache à montrer quelles sont les origines lointaines de cette solidarité, fruit d’une évolution dont la guerre n’a été qu’une crise.
À l’origine, l’Empire romain avait créé une Europe politique embryonnaire. Quatre siècles après l’effondrement de cet Empire, Charlemagne en a relevé les ruines, il l’a reconstruit et en a étendu les limites qui couvrirent celles, à peu près, de l’actuelle Europe des Six. Mais en 843 déjà, le Traité de Verdun a disloqué l’édifice et depuis lors l’Europe n’a plus présenté que l’aspect d’une immense anarchie politique.
À n’envisager que sous cet angle l’histoire européenne, on ne comprendrait pas que la civilisation occidentale ait pu se répandre à travers l’Europe et lui donner une contexture intellectuelle et morale commune. En fait, l’Europe se répandit sur la sphère entière : sa civilisation était la plus brillante, la plus ardente de toutes. La Révolution française a eu pour conséquence le développement des nationalités et a de la sorte accru les divisions politiques, tout en contribuant à implanter les principes qui étaient les siens. Les peuples d’Europe ont, après elle et par elle, porté au plus haut degré leurs génies nationaux particuliers : l’Europe du XIXe siècle a pu s’épanouir.
Ce siècle a été celui de l’apogée de l’Europe. Mais son triomphe portait en soi les éléments de sa régression politique. L’Europe a réveillé, par ses apports, les civilisations endormies ; elle en a suscité de nouvelles dans les contrées lointaines qu’elle a conquises… Elle est dès lors devenue la caisse de résonance du monde, et lorsque, au XXe siècle, des guerres ont éclaté sur son territoire, ces guerres se sont étendues à la sphère entière. C’est depuis lors un reflux du monde entier sur la vieille Europe.
Mais l’auteur ne croit pas à la défaite et à la submersion d’une Europe qui demeure indispensable au monde. Encouragé par les grandes réalisations européennes actuelles, c’est dans l’union économique des peuples d’Europe, dans l’union pour la défense et la conservation de leurs particularismes nationaux, qu’il met toute sa confiance et son espoir. Cette perspective optimiste met un point final à cet ouvrage. ♦