Mahomet à la Mecque
M. Maxime Rodinson, directeur d’études à l’École des hautes études (Sorbonne), montre dans la préface ce que cet ouvrage et cet auteur ont de remarquables.
« Il est rare de rencontrer, écrit-il, un savant qui ne s’occupe pas seulement d’amasser ses matériaux, je veux dire un homme qui se pose des questions et qui entreprend d’y répondre – scientifiquement s’entend… De plus, il y a chez lui la grande honnêteté scientifique d’un esprit sans défense contre la vérité… On verra les peines qu’il prend pour adopter, dans le traitement de questions musulmanes, un langage respectueux de la foi des Musulmans. Est-il besoin de dire que l’arabophobie commune à tant d’arabisants lui est totalement étrangère ?
« C’est cette ouverture d’esprit, cette honnêteté scientifique, cet art d’aller droit à l’essentiel qui ont fait que son ouvrage sur Mahomet marque une date dans les études sur le Prophète de l’Islam.
« La grande majorité de ceux qui, jusqu’à lui, ont abordé le problème de l’origine de l’Islam sont demeurés, souvent inconsciemment, à l’intérieur de la sphère du religieux… La prédication de Mahomet, à tous ses stades, comportait des éléments non proprement religieux, cela est évident et connu de tous les islamisants. Cela ne signifie pas que ces éléments étaient les seuls qui aient emporté l’adhésion des Arabes, encore que cela ait été vrai dans nombre de cas. Mais, en réalité, éléments religieux et non religieux formaient un tout indissoluble qui s’imposait comme une réponse totale aux problèmes sociaux totaux de la société arabe du VIIe siècle. Pour expliquer l’Islam naissant, il faut tenir compte de la psychologie religieuse et de l’histoire des religions, mais aussi en sortir.
« …Nous avons affaire à une étude d’une importance capitale, menée de main de maître et qui renouvelle, sans l’épuiser, un sujet d’un puissant intérêt. Au-delà des études musulmanes mêmes, ses résultats retentissent sur toute l’histoire des religions et même l’histoire des idéologies. » ♦