C'est avant tout en favorisant et en soutenant le développement de la démocratie en Afrique que les Occidentaux préserveront au mieux leurs intérêts légitimes sur le continent. La riposte militaire aux tentatives de déstabilisation ne saurait être exclue, mais elle doit rester le recours ultime et l'exception. Telle est la thèse que soutient ici le l'auteur.
Les enjeux africains
La nature et l’intensité de l’intérêt porté à l’Afrique ont varié dans de très grandes proportions selon les époques considérées. Jusqu’au début du XIXe siècle, les Européens qui étaient encore les seuls à agir en Afrique voyaient en elle une étape sur la route des Indes. Les navigateurs et les commerçants établirent des comptoirs sur les côtes africaines pour y rassembler les quelques marchandises qui étaient alors intéressantes (la gomme et quelques produits exotiques) et y entreposer des produits finis destinés à être diffusés dans un hinterland peu profond. Les difficultés de pénétration dans un continent hostile et son apparente pauvreté expliquaient cette attitude.
Les États européens prirent tardivement conscience des profits qui pourraient être retirés d’une connaissance et d’un contrôle en profondeur de ce continent. La concurrence qui opposait entre elles les principales puissances industrielles de l’Europe (Angleterre, Allemagne et France) se répercuta en Afrique. Ce continent si proche de l’Europe constituait une proie tentante dans la mesure où il semblait pouvoir fournir ce dont les pays industrialisés d’Europe avaient un urgent besoin : une source d’approvisionnement en matières premières ; un large marché pour les produits fabriqués en grande quantité en Europe : un espace qui était alors considéré comme un facteur déterminant de la puissance.
Il apparut rapidement que la concurrence non organisée était dangereuse pour la paix en Europe. L’Acte final de la Conférence de Berlin (février 1885) pose les règles du jeu. Pour être légitime et reconnue, la possession de territoires en Afrique devait être effective et comporter l’exercice d’une réelle autorité. Le partage de l’Afrique entre les grandes puissances européennes donnait l’impression que ce continent était un objet dont les puissances pouvaient librement disposer à la condition de s’entendre entre elles. Durant toute la période coloniale, qui se poursuivit jusqu’à la décennie 1960-1970, la situation évolua peu. Les acteurs étaient les mêmes, et si les politiques coloniales différaient sur des points de détail, elles se donnaient le double objectif de « civiliser les Africains et d’assurer la richesse et la grandeur des puissances colonisatrices ». Pour justifier la politique coloniale, des arguments économiques étaient avancés par les gouvernements européens, et c’est également sur eux que Lénine s’appuya pour faire sa théorie de « l’impérialisme, stade suprême du capitalisme ».
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