Demain en Algérie
Cet essai se lit très facilement ; il est court, rapide, écrit d’un style aisé. C’est une thèse sur la solution du problème algérien, qui s’élargit pourtant à des vues plus générales et qui, déjà, le ramène, dans l’ensemble de l’évolution du monde, à des proportions moins grandes que celles que, pris par l’événement, nous lui accordons présentement.
L’auteur écarte les deux solutions extrêmes de l’intégration et de l’abandon ; il écarte également les solutions « fédéralistes », qui sont trop imprécises. Il défend celle du partage entre une zone à dominante française et une zone à dominante autochtone. Cette solution, il la présente comme une solution provisoire, qui permettrait de franchir « une période de transition pendant laquelle s’éclairciront quatre inconnues dont dépendra la solution finale du problème ».
Ces quatre inconnues sont : l’évolution prochaine de l’opinion dans les pays du Moghreb, dont il ne semble pas certain à l’auteur qu’elle se fera obligatoirement dans le sens du nationalisme ; les conséquences des découvertes pétrolières du Sahara sur l’économie de l’Algérie ; le développement de l’Eurafrique ; la politique américaine.
Il s’ajoute à ces quatre inconnues une cinquième : l’inconnue française, dont l’auteur pense qu’elle peut réserver d’heureux développements.
Livre intéressant, œuvre actuelle, au cœur du problème le plus grave du moment ; mais les événements se dérouleront-ils comme l’espère M. Fabre-Luce ? L’étude, comme toutes celles qui portent sur le même sujet, est, malgré sa clarté, sujette à tant de démentis par les faits qu’elle risque de n’avoir qu’une valeur éphémère. ♦