L’Afrique et mes amis
Il y a de nombreuses façons d’aborder la connaissance de l’Afrique. Les livres que les auteurs nous offrent le plus souvent parlent de politique, d’économie, parfois de sociologie. On publie de nombreux récits de voyage, où les écrivains opposent volontiers le spectacle des paysages et des gens d’Afrique au modernisme européen des villes, des usines, des réalisations techniques de toute nature.
M. Pierre Ichac a choisi de nous faire aborder l’Afrique par l’intérieur, si on peut tenter cette expression insolite ; c’est-à-dire de nous faire prendre contact avec des hommes et des bêtes, ses « amis », qui vivent dans les coins les plus reculés de la brousse, là où la civilisation nouvelle pénètre à peine, mais où continue à vivre, peut-être en déclinant, une civilisation plus ancienne. Cette civilisation avait ses mérites ; elle avait aussi ses connaissances, que nous appelons trop rapidement ses rites et ses magies, faute de pouvoir en utiliser de semblables. Une phrase de l’avant-propos éclaire, nous semble-t-il, l’esprit dans lequel est rédigé ce livre : « Si nous, les civilisés, nous croyons à l’unité de la matière, à l’expansion de l’univers et à la courbure de la lumière, sommes-nous bien sûrs qu’il soit impossible à un homme de commander aux lions ou de s’assimiler à un gorille ? » Il faut bien avouer que cette question contient un argument auquel il est difficile de répondre !
De ses voyages à travers la forêt et la savane, de ses contacts avec les hommes en apparence les plus éloignés de lui, de ses observations faites sur les animaux, l’auteur a tiré un amour passionné pour l’Afrique et tout ce qui vit au cœur de ce continent. Il nous le fait comprendre en douze récits d’aventures vécues, qui tiennent du Kipling du Livre de la Jungle et du Jules Verne des Voyages extraordinaires. En les lisant, le lecteur retrouvera certainement des impressions oubliées d’adolescence, en même temps qu’il trouvera matière à des réflexions pour homme mûr.
Car, derrière la trame de ces récits, il est facile d’entrevoir le monde de l’Afrique, avec sa logique différente de la nôtre, venue d’une autre expérience, mais profondément humaine : il est facile de comprendre combien l’introduction de la civilisation moderne dans ce monde vivant est, une entreprise difficile, et ne peut être faite que par une collaboration sincère entre les représentants des deux civilisations.
Il y a de nombreuses façons d’aborder la connaissance de l’Afrique. Celle que nous propose M. Pierre Ichac est une des plus séduisantes et des plus sûres. ♦