Deux missions en Moyen-Orient
Le général Catroux se défend d’avoir voulu écrire des mémoires, en rédigeant ces souvenirs qui datent des années d’après la Première Guerre mondiale et relatent les faits auxquels il fut directement mêlé, en Syrie, de 1920 à 1922 et au Hedjaz, en 1919 et en 1920.
C’est la première période, la plus récente, qui remplit la presque totalité des pages de ce livre. Il est évidemment inutile de souligner, malgré le temps passé, son intérêt actuel, au moment où le Moyen-Orient tient la vedette de l’actualité. Mais, plus encore qu’une étude du milieu moyen-oriental, à travers les faits vécus, le général Catroux a voulu faire de cette première partie un hommage au général Gouraud, dont la haute figure domine et illumine le récit. L’oubli est quelque peu tombé sur cette noble et glorieuse physionomie de chef, militaire et politique à la fois ; il ne reste guère qu’un nom, parmi tant d’autres de cette glorieuse époque où la France était grande et victorieuse. Aussi est-il juste qu’un de ses plus éminents collaborateurs ressuscite pour le lecteur oublieux l’image de Gouraud en action, s’élevant plus haut encore dans son œuvre de paix, qu’il ne l’avait fait au cours de la guerre, où pourtant, sa part de gloire avait été si grande.
La seconde partie, plus courte, est cependant plus colorée encore que la première. On y sent, derrière un décor qui tient encore du mirage oriental, les indices de l’envahissement du Moyen-Orient par la politique internationale et ses intrigues.
Un tel livre ne se résume pas ; chaque page apporte sa leçon et entraîne à des réflexions qui ne s’orientent pas toutes vers le passé… ♦