Le Lion
Pourquoi, dans cette Revue, signaler un roman ? Parce qu’il est de Joseph Kessel, « notre Jef » du terrain d’aviation de guerre de Rosnay, en Champagne. Parce qu’en l’auteur de L’Équipage, de Vent de sable, de L’Armée des Ombres, du Bataillon du Ciel, survit, plus généreuse et humaine encore, l’âme frissonnante et pure du paladin de l’air, le capitaine Thélis Vachon.
Kessel a toujours eu le culte du héros. Ici, le héros est une petite fille, vivant dans le parc royal du Kenya, au pied du Kilimandjaro. Armée d’amour pour les animaux sauvages, elle vit près d’eux, avec eux, gagne leur confiance et leur amitié. Kim, un lion qu’elle a élevé, puis rendu à la liberté, est son favori ; la nature de leurs relations, véritablement fraternelles, nous transporte dans un monde insolite et merveilleux. Mais on sent que le jeu engagé est trop extraordinaire pour se poursuivre. Le royaume que Patricia s’est construit n’est pas durable. D’autant qu’un magnifique guerrier indigène vient s’interposer et fait surgir l’événement.
Livre étrange et passionnant, on ne sait s’il est fable ou vérité. Bâti sans doute sur des faits réels, c’est en tout cas un beau conte. Mais c’est aussi un drame marqué du signe de la fatalité.
Et l’auteur l’annonce par une formule dense et péremptoire : « Quand une exigence primordiale veut s’accomplir, elle ne laisse pas de place au hasard ». ♦