Géopolitique de la Faim
« L’histoire de l’humanité est, depuis les origines, l’histoire de sa lutte pour son pain de chaque jour. » Or, malgré des efforts millénaires, on est obligé de constater que près d’un milliard et demi d’êtres humains sont sous alimentés, atteints des « maladies de carence », c’est-à-dire sont en état permanent de faim. L’on peut se demander si la faim est un phénomène naturel inéluctable ou si c’est une plaie sociale créée par l’homme lui-même. Or, l’étude de la faim est demeurée taboue ; c’est un sujet honteux même ; la bibliographie en est dérisoire. Pourtant ses conséquences jalonnent l’histoire du monde : guerres, révolutions, exodes de populations, etc., etc. C’est donc un phénomène primordial pour l’humanité, c’est un des plus importants à étudier.
L’auteur, ancien président du Conseil de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), s’est efforcé de réaliser « un travail embrassant les multiples manifestations de la faim dans le monde avec leurs incidences et leurs répercussions politiques ». Après avoir étudié « le phénomène universel de la faim » il analyse « la distribution régionale de la faim » puis essaie de tracer un plan permettant de créer « un monde sans la faim ».
Assez paradoxalement, les conclusions de cette étude d’un phénomène de misère, en apparence fatal, sont optimistes. José de Castro rejette les solutions faciles du malthusianisme. Il prétend que le monde est assez riche pour nourrir les hommes. Il suffit de mieux l’exploiter et il affirme : « Le monde ne trouvera donc pas le chemin de son salut en s’efforçant d’éliminer les excédents de population ou en contrôlant les naissances, comme le prescrivent les néo-malthusiens, mais en travaillant à rendre productifs tous les hommes qui vivent à la surface de la terre. » ♦