La Grande Nation. T. I et T. II
« Nous observons avec joie le spectacle de votre « Grande Nation » donnant la liberté à l’Europe », écrivaient à la Convention les « patriotes » irlandais en novembre 1792. Pour l’Europe, la France de 1789 à 1799 était la « Grande Nation » qui apportait, avec ses soldats, la liberté, l’égalité, les principes de formation des unités nationales, des idées nouvelles de vie politique, militaire, religieuse, intellectuelle, économique et sociale. Ici il faut redresser une erreur généralement admise : les origines de la Révolution ne sont pas exclusivement françaises. En fait, la Révolution française n’est qu’un des aspects d’une révolution occidentale, ou, plus exactement, atlantique : elle a commencé dans les colonies anglaises d’Amérique, pour se prolonger en Suisse, dans les Pays-Bas, en Irlande, avant d’atteindre la France, pour repartir vers l’Allemagne rhénane, la Pologne, l’Italie, l’Égypte…
En la matière, la France a été « accoucheuse de Nations » plus que créatrice d’idées. C’est l’originalité particulière de cette histoire que de présenter la Révolution de la fin du XVIIIe siècle dans son cadre général. L’auteur entend en outre exposer les causes et les développements de la Révolution sous toutes les formes des activités humaines. Le sujet majeur reste pourtant l’expansion révolutionnaire de la France, dans le monde, de 1789 à 1799.
En 1799, l’expression « Grande Nation », qui était admirative en 1789, est devenue un peu ironique. Le rôle que la France a été amenée à jouer s’est-il donc soldé par une faillite ? Il est certain que 1799, avec le repli des troupes françaises et le Coup d’État de brumaire, marque une pause dans l’expansion révolutionnaire. Mais le Grand Empire remplace la Grande Nation. Son armée, qui, dès 1800, part à la conquête de l’Europe, apporte à celle-ci les échos et les enthousiasmes des droits de l’homme. Aussi, les libéraux de tous les pays idéalisent-ils encore la Grande Nation et continuent-ils à regarder nostalgiquement vers elle. ♦