Journal de l’Affaire Dreyfus (1894-1899)
Maurice Paléologue était attaché, en 1894, au service des « affaires réservées » dépendant de la Direction politique du ministère des Affaires étrangères. C’est ainsi qu’il fut tout naturellement mêlé au développement le plus secret de l’affaire Dreyfus. Dès le 16 octobre 1894, c’est-à-dire trois semaines après la découverte du fameux « bordereau », le colonel Sandherr, chef du Service de renseignements (SR) de l’armée, s’adressait à lui pour obtenir communication de toutes les dépêches et de tous les télégrammes émanant des ambassades et des chancelleries étrangères. Quelques jours plus tard, Gabriel Hanotaux, ministre des Affaires étrangères, le chargeait officiellement de suivre l’affaire pour le compte de son département : cette mission lui sera renouvelée en 1898 par Delcassé. En 1899, enfin, Maurice Paléologue recevait pour mission de présenter le « dossier diplomatique » de l’affaire aux magistrats de la Cour de cassation et aux juges du second Conseil de guerre de Rennes.
Mêlé aux tâches quotidiennes du Service de renseignements, ayant vécu dans le contact intime des premiers protagonistes du drame, Maurice Paléologue a découvert ou « flairé » bien des secrets dont aucun document officiel ne fera jamais mention. Selon lui, il conviendrait de rattacher l’acte de trahison « à une série de faits semblables qui ont commencé à se produire en 1886 et se sont poursuivis jusqu’en 1896 ». En fait, Dreyfus étant innocenté, il n’y aurait pas un coupable, mais trois.
C’est aux historiens de la IIIe République qu’il appartient de dire si le témoignage de l’ancien diplomate apporte un point final à la chronique de l’affaire Dreyfus ou pose, au contraire, de nouveaux points d’interrogation. ♦