Vie et mœurs des Insectes
Un chercheur allemand émit un jour l’idée surprenante que les insectes et les animaux en général « vivent dans un univers différent de celui des hommes ». Il est certain que les sens des animaux sont très différents des nôtres. Ainsi, tout ce qui leur est extérieur se présente à eux sous un aspect totalement différent de celui que nous percevons. Que leur comportement soit le plus souvent inexplicable, il ne faut par conséquent pas s’en étonner.
Rémy Chauvin, Directeur de recherches à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), fait un apport considérable à l’étude du mécanisme des réflexes des insectes en étudiant leur comportement dans des circonstances variées et précises. Faisant état de certains travaux étrangers, complétés par des expériences résultant de ses propres recherches ou de celles de ses élèves, mais se limitant volontairement à quelques exemples typiques, explorés en profondeur, il se donne pour tâche de prouver la complexité des connexions, ajustements, interférences qui caractérise les réflexes des insectes. Une de ses conclusions – aussi nouvelle qu’étonnante – est que la vie instinctive des insectes s’apparente, dans son mécanisme, au monde de la cybernétique.
Qu’il étudie l’insecte dans son univers, le comportement « tropique », « l’objectivisme », « l’apprentissage », le sens de l’orientation et du repérage, les migrations, les intercommunications dans les sociétés, le mimétisme, il révèle un monde « psycho-instinctif » peu connu et encore plein de mystères. L’impression est bien que chaque espèce vit, à sa façon, dans une tranche particulière du cosmos, en ignorant le reste. La biologie nous ouvre là un champ scientifique où règne encore l’incohérence. Cette science attend le savant génial qui, en une théorie générale, coordonnera la très grande moisson des faits déjà relevés. Comme l’astronomie jadis, la biologie attend son Copernic. ♦